L'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) confirme une tendance rare dans un contexte mondial encore marqué par quelques tensions sur les prix. Pour le 5e mois consécutif, l'inflation de l'Union évolue en territoire négatif. En octobre 2025, le taux s'est établi à -1,1% en glissement annuel, contre -1,4% en septembre, selon les données publiées par la banque centrale régionale.
Cette situation s'explique principalement par la baisse persistante des prix des produits alimentaires, qui représentent la composante la plus déterminante du panier de consommation dans la région. Leur évolution négative a contribué à hauteur de -0,8 point à l'inflation globale. À l'inverse, seules deux catégories ont apporté une nette contribution positive, le logement et la communication, chacune pour 0,2 point.
L'inflation sous-jacente, qui exclut les produits frais et l'énergie afin de mesurer la tendance de fond, reste stable. Cet indicateur confirme que la dynamique actuelle tient avant tout à l'évolution des prix alimentaires, particulièrement sensibles aux fluctuations climatiques, à la structure logistique et à la situation sécuritaire de certains États.
Cinq pays dans le négatif
L'analyse par pays révèle une déflation largement partagée, même si elle n'est pas uniforme. Cinq des huit économies de l'Union enregistrent une inflation négative. Le Niger se distingue avec une baisse importante des prix à -8,2%, suivi du Burkina Faso avec -4,1% et du Mali avec -1,2%. Ces 3 pays restent marqués par des ajustements sur les prix alimentaires et une demande intérieure encore modérée.
À l'opposé, 3 États affichent une inflation positive. Le Sénégal se situe en tête avec 1,9%, suivi du Bénin à 1,8% et de la Côte d'Ivoire à 0,3%. Dans ces pays, la vigueur relative de la demande, les coûts logistiques ou certaines tensions sectorielles contribuent à maintenir l'évolution des prix en zone positive.
Une situation atypique au moment où le cycle mondial se normalise
La trajectoire actuelle contraste avec le mouvement observé sur d'autres continents où l'inflation recule mais reste globalement au-dessus de zéro. Pour l'UEMOA, cette déflation prolongée offre un répit sur le pouvoir d'achat et renforce la crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale. Elle pose néanmoins une question centrale. L'évolution des prix traduit-elle une amélioration durable des conditions d'approvisionnement ou reflète-t-elle une demande encore insuffisante dans plusieurs économies de l'Union ?
Les prochains mois permettront de clarifier l'ampleur et la nature de cette dynamique. Pour l'heure, le retour de l'inflation en territoire positif n'apparaît pas imminent, tant la décélération semble ancrée. Reste à savoir si cette situation constitue un atout ou un signal d'alerte dans des économies où la croissance repose encore largement sur la consommation.
Dr Ange Ponou
Publié le 05/12/25 19:50


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