Cameroun/Eau minérale : Pristine investit 36 milliards FCFA dans une unité de production à Tiko

C'est dans la ville de Tiko, dans la région du Sud-ouest, que la société Pristine a choisi d'implanter ce qui sera dans quelques mois, sa première unité de production et d'embouteillage d'eau minérale et de boissons gazeuses au Cameroun. Un choix fort-audacieux pour cette entreprise qui revendique un statut de "pionnier de la réindustrialisation" de cette région du pays. L'activité économique dans le Sud-Ouest camerounais a, ces dernières années, été perturbée par des troubles de mouvements séparatistes. Alors que la situation semble s'apaiser, le gouvernement a accordé à cette région le statut de Zone économique sinistrée (ZES), offrant de nombreuses facilités aux entreprises qui souhaitent s'y installer. 

Le 24 octobre dernier, le ministre en charge de l'Industrie, (Minmidt) Fuh Calistus Gentry, s'est rendu à Tiko pour évaluer l'état de l'avancement des travaux de l'usine, mais aussi réitérer le soutien du gouvernement à ce projet. "Le sud-ouest doit maintenir son rôle d'acteur majeur du développement agro-industriel au Cameroun", a-t-il déclaré. "Nous sommes ici pour montrer que les autorités locales veillent à la stabilité de la zone". 

60 millions de dollars d'investissement

Selon les promoteurs de Pristine, les premières bouteilles d'eau et de boissons gazeuses sortiront de l'usine de Tiko dès l'année prochaine pour inonder le marché camerounais. Sans complexe, la société cible également les 5 autres pays de la CEMAC (Tchad, RCA, Gabon, Congo, Guinée Équatoriale) et prévoit de capitaliser sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour disséminer ses produits à l'échelle du continent. L'investissement pour réaliser cette unité de production est de 36 milliards FCFA (environ 60 millions de dollars US), apprend-on. Elle sera équipée "de technologies de pointe qui garantissent un processus de fabrication intégré et allégé, conforme aux normes internationales". 

"Nous visons non seulement à réduire les importations, mais aussi à positionner le Cameroun comme un exportateur clé dans la région, en stimulant l'économie locale et en créant des emplois", a déclaré Mohammed A. Abdulrahman, le PDG de Pristine, cité par Invest Time. 

Un marché concurrentiel mais flexible

Le nouvel acteur n'a pas dévoilé ses capacités de production, mais a indiqué que son objectif est d'"ajouter de la valeur aux matières premières locales et de fournir au public des produits de qualité à des prix abordables". Une stratégie à peine voilée pour se frayer un passage sur le très concurrentiel marché camerounais des boissons non alcolisées, contrôlé par les deux mastodontes que sont SABC, la filiale camerounaise du groupe Castel, et Source du Pays.

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Les dernières estimations publiques sur les parts de marché ont été réalisées en 2017 par le cabinet Nielsen. Sur le segment des boissons gazeuses, SABC contrôlerait 75,3 % de parts contre 18,1 % pour Source du Pays. Par contre, ce dernier fait office de leader sur l'eau minérale. Avec ses marques Ôpur et Supermont, la société a arraché le leadership à son concurrent et contrôlait 61,7% du marché en 2017. SEMC, la filiale de SABC en charge de la production d'eau minérale, a dû se réinventer en introduisant une nouvelle marque (Vitale) et de nouveaux formats (5 litres et 10 litres). En 2021, la société revendiquait 40 % des ventes de l'eau minérale dans le pays. 

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Le nouvel arrivant, Pristine, pourrait cependant tirer profit d'une réorganisation stratégique chez le brasseur français pour se faire une place. Confrontée à une compétition jugée "particulièrement rude" dans le secteur de l'eau minérale, SABC ne se prive pas de la possibilité de quitter le marché, comme ce fut le cas en Côte d'Ivoire l'année dernière. Le groupe ambitionne également de réduire son activité dans la vente de boissons en plastique afin de focaliser ses efforts sur le conditionnement en verre. Dans cette démarche, il a récemment alloué 3,5 milliards FCFA pour renforcer la capacité de la production de sa verrerie à Douala.

Cédrick JIONGO

La Rédaction

Publié le 28/10/24 14:11