Côte d’Ivoire : Les services génèrent 56% du PIB national au 4e trimestre 2024

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La croissance ivoirienne continue de surprendre par sa solidité. Au quatrième trimestre 2024, le PIB en volume, corrigé des variations saisonnières, a progressé de 5% par rapport au trimestre précédent, et de 7,6% en glissement annuel, selon les derniers comptes trimestriels publiés par l'Agence nationale de la statistique (ANStat). Cette performance, l'une des plus vigoureuses sur le continent, est portée par la forte dynamique du secteur tertiaire, devenu l'axe moteur de l'économie nationale.

Les services, fer de lance de la croissance

Avec une progression de 8,1% sur un an et une contribution de 4,6 points de pourcentage à la croissance globale du PIB, le secteur tertiaire domine le paysage économique. En particulier, le commerce et les réparations (+10,6%), les activités financières et d'assurance (+14,2%), ainsi que les autres services (+5,5%) ont tous enregistré des hausses notables. Même les services non marchands, représentant les administrations publiques et les institutions sans but lucratif, ont progressé de 10,2%.

En valeur absolue, la valeur ajoutée du tertiaire a atteint 7 135,3 milliards FCFA au 4e trimestre 2024, soit plus de 56,5% du PIB national, estimé à 12 638,2 milliards FCFA. Cette domination traduit une transformation structurelle profonde de l'économie ivoirienne, de plus en plus tournée vers les services.

Le secteur secondaire entre résilience et contrastes

Le secteur industriel enregistre une hausse annuelle de 4,4%, contribuant à hauteur de 0,9 point de croissance au PIB. Cette expansion est dopée par les industries extractives (+10%, notamment grâce à la production aurifère), et les ‘'autres industries'' (+14,8%).

À l'opposé, l'industrie agroalimentaire recule de 6,4%, en raison notamment de la baisse de la transformation du cacao, tout comme le secteur pétrolier (-7%), impacté par la baisse des volumes raffinés.

La valeur ajoutée du secteur est ressortie à 2 575,6 milliards FCFA au 4e trimestre 2024, contre 2 466,50 milliards FCFA un an plus tôt.

En glissement trimestriel, la reprise du secondaire se confirme avec une croissance de 5%, un signal positif pour la diversification industrielle du pays, même si les chocs sectoriels restent à surveiller.

Un secteur primaire en perte d'élan

Si le secteur primaire reste un pilier traditionnel de l'économie, sa contribution s'amenuise. Bien qu'en croissance annuelle modérée de 3%, ce secteur n'a apporté que 0,4 point à la croissance du PIB.

La performance est hétérogène. L'élevage et la pêche progressent fortement (+17,5% et +7,3% respectivement), mais l'agriculture d'exportation (+1,7%) et les services annexes à l'agriculture (+1,3%) peinent à décoller. Pire, le secteur affiche une contraction de 3,6% par rapport au trimestre précédent, marquant une réelle vulnérabilité aux saisons, aux prix mondiaux et aux politiques agricoles internes.

En valeur, le secteur a affiché une valeur ajoutée de 1 781,7 milliards FCFA sur la période sous revue, contre 1 729,3 milliards FCFA par rapport à la même période de l'année précédente.

Une fiscalité en forte progression

Autre fait marquant, les impôts et taxes nets de subventions ont bondi de 20,6% en glissement annuel et de 32,1% en variation trimestrielle, apportant 1,88 point à la croissance du PIB. Cela reflète à la fois la vigueur de l'activité économique formelle et une probable amélioration des performances de collecte.

Une croissance solide, mais sous tension sectorielle

Avec une croissance annuelle du PIB réel estimée à 6,1% en 2024, la Côte d'Ivoire confirme sa trajectoire ascendante. Néanmoins, cette performance repose de plus en plus sur les services marchands, au détriment de l'industrie agroalimentaire ou de l'agriculture d'exportation, pourtant stratégiques pour l'emploi rural et les recettes d'exportation.

La transition structurelle de l'économie est en marche, mais elle exige des politiques ciblées pour renforcer la résilience de tous les secteurs, en particulier l'agriculture et la transformation industrielle, qui restent les clés d'une croissance plus inclusive et durable.

Dr Ange Ponou

Publié le 20/06/25 12:00

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