Côte d’Ivoire -Togo - Bénin : Vers un accord stratégique pour sécuriser l’approvisionnement en gaz

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Réunis le 7 décembre à Abidjan sous l'égide du Groupe de la Banque mondiale, la Côte d'Ivoire, le Togo et le Bénin ont engagé une négociation stratégique à la faveur d'un sommet régional sur le développement du gaz : mutualiser leurs efforts pour sécuriser un approvisionnement en gaz naturel fiable, compétitif et capable de soutenir leurs ambitions en matière d'accès à l'électricité.

Dans une région où les systèmes électriques reposent encore en bonne partie sur les centrales thermiques, la contrainte de l'approvisionnement en gaz naturel est devenue une contrainte majeure, fragilisant la viabilité des investissements et limitant la capacité des États à répondre à une demande en forte croissance.

Le Bénin a illustré les limites actuelles, à travers son cas particulier, malgré la proximité du Nigeria et du Ghana, riches en gaz. " Depuis de nombreuses années, le Bénin travaille d'arrache-pied, avec beaucoup de peine, pour sécuriser ses approvisionnements en gaz naturel. (…) Des négociations multiples ont eu lieu, des solutions de toutes natures ont été envisagées, et nous nous rendons compte que la taille du système électrique béninois est un handicap pour conclure les contrats gaziers que nous espérons ", a admis Édouard Dahomey, président de l'autorité de régulation du Bénin, représentant son pays.

Même constat du côté togolais, où le ministre Messan Eklo a souligné que l'absence d'un accès sûr et continu au gaz pèse sur la rentabilité des infrastructures électriques récentes.

La Côte d'Ivoire, un pivot énergétique en devenir

Hôte du sommet, Abidjan a réaffirmé sa volonté de jouer un rôle moteur. Forte de recentes découvertes portant ses ressources gazières à 8–10 Tcf, la Côte d'Ivoire dispose désormais d'une base solide pour alimenter non seulement sa production domestique, mais aussi celle de ses voisins. " L'utilisation de ces ressources pour nos besoins et pour ceux de la sous-région est une priorité absolue pour le Président de la République ", a insisté Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l'Énergie. Le pays, pionnier de l'utilisation du gaz pour produire de l'électricité dès le milieu des années 1990, peut jouer un rôle pivot dans un cadre d'une alliance stratégique avec les deux Etats.

La Banque mondiale pousse pour une approche régionale

Pour le Groupe de la Banque mondiale, représenté par Ousmane Diagana, Vice-Président pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre le gaz reste un levier central : moins coûteux que d'autres sources, mais encore sous-exploité de manière coordonnée. L'institution encourage explicitement une stratégie commune, estimant que seule une approche régionale générera les économies d'échelle nécessaires pour abaisser les coûts et garantir la sécurité d'approvisionnement. " Nous savons que chaque pays envisage des solutions nationales, mais nous estimons qu'il faut aussi le faire dans une perspective régionale. Cette approche permettra de réduire les contraintes au niveau des Etats et induire des bénéfices encore plus importants à travers la réalisation d'économies d'échelles plus significatives ", a exhorté Ousmane Diagana.

Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l'Energie. 

L'engagement affiché, qui cadre avec l'initiative M300 visant à donner l'accès à l'énergie à 300 millions d'Africains d'ici 2030, est multiforme : assistance technique, financement des infrastructures logistiques nécessaires, garanties de risques pour attirer les investisseurs privés, ou encore appui aux réformes dans le secteur énergétique. " Nous sommes prêts utiliser notre force de frappe, avec toutes nos branches, pour vous accompagner dans le sens de cette coopération ", a-t-il assuré. 

Un groupe de travail pour approfondir les réflexions

Les trois pays ont convenu, au terme de ces assises, de " mutualiser leurs efforts " pour importer du gaz et produire de l'électricité dans un cadre partagé. Un groupe de travail technique, réunissant les experts des trois États avec ceux de la Banque mondiale, devra approfondir les réflexions sur la question " dans un délai d'un mois ". " L'objectif est de saisir l'opportunité offerte par le Groupe de la Banque mondiale non seulement au plan technique, mais aussi au plan financier ; le but étant de parvenir à un projet bancable dans un délai qui rentre dans le cycle de financement encours du Groupe de la Banque mondiale ", a souligné Mamadou Sangafowa Coulibaly.

La concrétisation de cette coopération va contribuer à accélérer l'accès à l'électricité dans les trois pays dans un cadre mutuellement avantageux. Une perspective qui devrait inciter à plus de collaboration entre les pays de la région alors que les besoins énergétiques restent importants. 

Jean Mermoz Konandi

Publié le 09/12/25 09:02

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