Gabon : Eramet pose ses conditions pour la transformation locale du manganèse

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Au Gabon, la récente décision du gouvernement d'interdire, à compter du 1er janvier 2029, toute exportation de manganèse brut sans transformation préalable rebat les cartes du secteur extractif. Annoncée officiellement lors du Conseil des ministres du 30 mai 2025, cette mesure, présentée comme un tournant de souveraineté économique, impose aux opérateurs historiques une redéfinition rapide de leurs chaînes de production et de leurs schémas logistiques.

Eramet, maison mère de la Compagnie minière de l'Ogooué (Comilog), principal producteur national, se dit prête à accompagner cette transition. Mais l'industriel français pose trois conditions : un accès stable à l'énergie, un renforcement des infrastructures de transport, et la montée en compétences de la main-d'œuvre locale.

C'est dans ce contexte que le ministre de l'Industrie et de la Transformation locale, Lubin Ntoutoume, a reçu en audience, le 10 juin 2025 à Libreville, Léod-Paul Batolo, administrateur directeur général de la Comilog, et André Massard, directeur délégué et représentant général d'Eramet au Gabon.

Cette rencontre, tenue quelques jours après l'annonce gouvernementale, visait à préciser les modalités de mise en œuvre de la nouvelle politique minière du pays. Une visite du ministre sur le site industriel de Moanda, dans le Haut-Ogooué, est également programmée à court terme pour assurer le suivi opérationnel.

La filiale gabonaise du groupe français, responsable de la production de près de 7 millions de tonnes de minerai de manganèse à haute teneur en 2024, ne remet pas en cause l'orientation stratégique des autorités. Bien au contraire, ses dirigeants affirment avoir déjà amorcé un programme d'investissements dans la transformation locale. Cette politique gouvernementale nous oblige à accélérer et à innover, a déclaré Léod-Paul Batolo, rappelant les efforts récents engagés par Comilog pour moderniser ses installations.

Toutefois, Eramet attend de l'État qu'il crée les conditions propices à une industrialisation viable. Son représentant, André Massard, a salué une vision responsable et ambitieuse en phase avec les tendances globales de relocalisation des chaînes de valeur, mais a insisté sur la nécessité de mobiliser rapidement les moyens permettant de soutenir l'effort industriel. En priorité, la disponibilité de l'énergie pour les procédés métallurgiques, le renforcement des infrastructures ferroviaires et portuaires, et la formation de techniciens qualifiés dans les métiers de la transformation.

Cette position traduit les préoccupations structurelles d'un groupe qui, malgré un ralentissement de ses performances en 2024, continue d'investir massivement au Gabon. L'an dernier, Comilog a injecté environ 148,3 milliards de FCFA dans le développement de ses capacités industrielles et logistiques, en dépit d'un environnement de marché dégradé.

Le recul de 8 % de la production, à 6,8 millions de tonnes, et la baisse équivalente du transport (6,1 millions de tonnes), s'expliquent notamment par un arrêt technique de trois semaines au quatrième trimestre et par un déséquilibre temporaire du marché mondial du manganèse, impacté par une contraction de 6 % de la demande et un recul de 9 % de l'offre.

Malgré ces aléas, la filiale d'Eramet a réalisé un chiffre d'affaires consolidé de 718,1 milliards de FCFA et un résultat net de 38,7 milliards de FCFA. Le résultat opérationnel, en revanche, s'est contracté, passant de 192,7 à 173,7 milliards de FCFA sur un an. Pour 2025, Comilog table sur une reprise progressive, avec une production attendue entre 6,7 et 7,2 millions de tonnes.

 

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 12/06/25 16:24

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