L'agence de notation Fitch Ratings a confirmé, le 20 juin, la note souveraine du Gabon à ‘CCC' qui traduit un risque substantiel de défaut. Cette confirmation place le pays dans la catégorie des émetteurs à risque de crédit élevé.
Dans son analyse, Fitch pointe les fragilités structurelles de l'économie gabonaise, dominée par les hydrocarbures, dont la volatilité compromet la soutenabilité budgétaire. L'agence souligne également les lacunes en matière de gestion des finances publiques, illustrées par la hausse des arriérés estimés à 2,8 % du PIB en 2024, et un déficit budgétaire de 2,5 % sur une base d'engagement.
Fitch prévoit le maintien des déséquilibres budgétaires à moyen terme, avec des déficits projetés à 2,4 % du PIB en 2025 et 2,1 % en 2026, sur fond de baisse des recettes pétrolières (Brent moyen anticipé à 65 USD le baril) et de ralentissement de la croissance (prévision à 2,2 % en 2025 contre 3,4 % en 2024). L'endettement global devrait se stabiliser autour de 75 % du PIB.
Parmi les rares signaux positifs, Fitch note l'échange réussi d'instruments de dette sur le marché régional en avril 2025, permettant une réduction des obligations de remboursement équivalente à 1,4 % du PIB en 2025. Elle souligne également le refinancement anticipé de l'euro-obligation arrivant à échéance cette année, repoussant les pressions de remboursement à 2028 et 2029.
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Dans le même temps, l'agence juge l'accès du Gabon aux marchés toujours restreint et conditionne une éventuelle amélioration de la notation à la mise en œuvre effective d'un nouveau programme avec le FMI et à la réduction tangible des tensions de liquidité. " Le risque d'un événement de défaut à court terme est modéré, mais les vulnérabilités budgétaires et institutionnelles demeurent élevées ", resume-t-elle.
En réaction, le gouvernement gabonais a exprimé ses réserves. Dans un communiqué publié ce mardi 24 juin, le ministère de l'Économie déplore une appréciation " incomplète " de la dynamique actuelle. Libreville met en avant le bon déroulement de l'élection présidentielle d'avril 2025, qui marque, selon lui, une étape majeure vers la stabilité institutionnelle, ainsi que son engagement à équilibrer le budget hors investissements dès 2026.
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Les autorités affirment également que la consolidation budgétaire est en cours, appuyée par des réformes ciblant la gouvernance, la transparence et la lutte contre la corruption. Le gouvernement souligne que plusieurs bailleurs, dont les institutions multilatérales, ont réagi positivement à ces signaux, et que des discussions sont déjà engagées pour un futur appui programmatique.
Le ministère conclut en reconnaissant les défis mis en avant par Fitch, tout en réitérant sa volonté de restaurer la crédibilité financière du pays. " Cette évaluation est un appel à accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles ", insiste-t-il.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 24/06/25 16:50
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