Investir dans la transformation du cacao en Côte d’Ivoire

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Le cabinet conseil à l'investissement AFRIKA FORWARD, dont le siège est basé à Abidjan, publie sur notre site web des notes à l'attention des investisseurs, relatives à certains secteurs porteurs. Ces notes sont une synthèse des critères majeurs macro et microéconomiques entrant dans le processus de prise de décision à l'investissement.

Plus d'informations au +225 27 20 23 05 21 et sur www.afrikaforward.com " 

 

1. Historique du Cacao ivoirien et marché mondial

 

Historique en Côte d'Ivoire

Le Cacao a été introduit en Côte d'Ivoire vers la fin du XIXème siècle. Dès son accession à l'indépendance, le 7 août 1960, la Côte d'Ivoire fait le choix du libéralisme économique et positionne l'agriculture comme pilier fondamental de son développement.

Depuis lors, la culture du cacao a été portée au premier rang de l'économie ivoirienne au point de représenter aujourd'hui, près de 15 % du PIB et 40 % des recettes d'exportation. Elle offre également à plus de 1/3 de la population ivoirienne, des revenus directs et indirects.

La filière Café-Cacao, se verra libéraliser dans les années 2000 avant d'être reformée en début d'année 2012 afin de retourner à un système de commercialisation qui garantisse un prix au producteur au moins égal à 60 % du prix international.

La Côte d'Ivoire, premier producteur de cacao fève depuis les années 80, transforme moins de 50 % de sa production. La quantité de fèves broyées, a connu une croissance de 5 % en moyenne par an sur la période 2013-2021. Toutefois, le taux de broyage des fèves est passé de 31 % en 2014/15 à 26 % en 2020/21. Cette baisse du taux de transformation s'explique par une augmentation plus rapide de la production de cacao en comparaison à la mise en place de nouvelles unités de broyages.

La capacité de broyage elle, a connu une évolution positive en passant d'une capacité estimée à 545 000 tonnes en 2012-2013 à une capacité estimée à 869 000 tonnes en 2020-2021, la plus importante du monde devant les Pays-Bas. Cette évolution s'explique par l'extension des capacités installées des groupes tels que Barry Callebaut et Cargill, mais également par l'implantation de nouvelles unités telles que celle du groupe Guan Chong Berhad (GCB).

Tableau 1 : Evolution de la production et du broyage de fèves de cacao en Côte d'Ivoire (en milliers de tonnes)

Source : DPPSE

La production nationale a connu une croissance rapide et soutenue, passant ainsi de 1,5 million de tonnes de fèves de cacao en 2011/12 à 2,2 millions de tonnes en 2020/21, soit une croissance moyenne de 7 %/an sur la période, si l'on exclut la campagne 2016/17 caractérisée par la persistance du phénomène climatique – El Niño[1] – qui a entrainé une chute de la production de cacao.

Marché mondial

Les principaux pays producteurs de cacao, en 2021 sont, la Côte d'Ivoire avec une production annuelle d'environ 2,2 millions de tonnes de fèves par an (environ 40 % de la production mondiale), le Ghana avec une production annuelle de 1 million de tonnes (20 %) et l'Indonésie avec une production annuelle de 739 000 tonnes (12 %).

La production de cacao se concentre principalement en Afrique de l'Ouest qui produit près de 75% du cacao dans le monde. Toutefois, le continent transforme moins de la moitié de sa production et seulement 21 % de la production mondiale est transformée sur le continent.

Il faut indiquer ici que la production mondiale du cacao n'a cessé d'augmenter depuis 1960. En effet, elle est passée de 1,2 million de tonnes en 1961 à 4,97 millions de tonnes 2020. Cette progression s'explique par l'extension des superficies plantées et dans une moindre mesure, par l'accroissement des rendements à l'hectare, qui sont en moyenne, passés de 352,4 kg à 503,6 kg entre 1980 et 2020. Toutefois, les productions annuelles restent volatiles, résultant de l'impact des changements météorologiques sur les cultures ainsi que la propagation de ravageurs et de maladies affectant certaines zones de productions (Amérique du Sud et Afrique de l'Ouest).

Tableau 2 : Evolution mondiale de la production et du broyage de fèves de cacao (en milliers de tonnes)

La demande de fèves cacao, stimulée par le broyage de fèves et le commerce des produits semi-finis du cacao, a connu une croissance moyenne de 4 % par an, passant de 4,1 millions à 5 millions de tonnes de 2015 à 2021.

Ainsi, les plus importants importateurs de fèves de cacao, que sont les Pays-Bas, les USA et la Malaisie, ont-ils représenté respectivement, 21 %, 14 % et 13 % en volume des importations mondiales au cours de la période 2014-2021. Ils importent principalement les fèves entières de haute qualité.

En termes de perspectives, l'International Cocoa Organization (ICCO) prévoit la poursuite de la dynamique positive de la demande de fèves de cacao et de ses produits semi-finis enregistrée ses dernières années par les pays importateurs.

Enfin, notons que la Côte d'Ivoire premier producteur mondial de cacao au monde, est le principal pourvoyeur de fèves, beurre, liqueur et poudre de cacao des plus gros exportateurs de chocolat au monde (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, USA, etc.).

Evolution du cours du cacao

Le cacao est principalement négocié dans les bourses de matières premières de Londres et de New York. Soumis aux rumeurs ou anticipations de rupture de stocks, de mauvaise récolte, de surproduction, d'événements climatiques ou politiques, le marché est volatil et spéculatif.

Tableau 3 : Evolution des cours de fèves de cacao sur le marché mondial de 2005 à 2022 (dollar US/tonne)

Force est de reconnaître que l'économie cacaoyère mondiale est sujette à une perpétuelle fluctuation des cours internationaux.

 

2. Rentabilité

 

En Côte d'Ivoire, les exploitations d'usine de transformation du cacao en produits finis et semi-finis, peuvent atteindre une moyenne de marge nette d'exploitation, se situant entre 7 % et 10 %.

 

3. Règlementation et mesures gouvernementales

 

En Côte d'Ivoire, l'Etat a mis en place plusieurs structures en vue de réguler le secteur.

C'est le cas du Conseil de Régulation, de Stabilisation et Développement de la filière Café-Cacao aussi appelé le Conseil du Café-Cacao (CCC), crée par l'ordonnance N°2011-481 du 28 décembre 2011, qui est l'organe chargé de la régulation et de la stabilisation des prix du café et du cacao.

Le conseil fixe les prix du café et du cacao au début de chaque campagne de commercialisation du café et du cacao.

Pour sa part, le Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricoles (FIRCA), est l'organisme chargé par l'Etat et la profession agricole, de la mobilisation des ressources et du financement des programmes de recherche agronomique et forestière appliquée.

De plus, depuis 2014, le FIRCA est chargé de la mise en œuvre de la composante " Amélioration de la productivité des vergers " du Programme 2QC (Quantité, Qualité Croissance) de la Filière Café-Cacao.

Par ailleurs, il faut également noter la mise en place en août 2021 de Côte d'Ivoire Ghana Cocoa Initiative (CIGCI). Cette institution a pour mission de coordonner les institutions et les politiques cacaoyères des deux pays aux fins de promouvoir, de favoriser et de défendre leurs intérêts collectifs sur le marché international.

Elle est également chargée de veiller au paiement effectif du Différentiel de Revenu Décent (DRD).

Réforme de la filière Café-Cacao

En 2017, l'Etat Ivoirien, a décidé de l'application d'un Droit Unique de Sortie (DUS) différencié en fonction de la nature et du degré de transformation du cacao. En effet, initialement déterminé à 14,6 % pour les fèves, il a été porté à 13,2 % pour la masse de cacao, 11 % pour le beurre et le tourteau, 9,6 % pour la poudre et 0 % pour le chocolat.

Cette réforme a été prise en vue de favoriser la transformation du cacao en produits dérivés du cacao.

Le Gouvernement a également entrepris, dans ce même cadre, de :

  • créer un fonds d'appui à l'investissement dans le secteur de la transformation du cacao, doté d'un montant de 10 milliards de F CFA ;
  • alléger la caution d'agrément pour les nationaux souhaitant démarrer des activités de broyage de fèves à 25 millions de F CFA au lieu de 200 millions F CFA pour les autres acteurs ;
  • accorder aux entreprises nationales, une subvention de 35 F CFA par kilogramme de cacao transformé, plafonné à 50 000 tonnes.

Mécanisme de Fixation du Prix

Il faut indiquer ici que la Côte d'Ivoire et le Ghana, ont mis en place en juillet 2019, un mécanisme de fixation des prix pour le commerce des fèves de cacao à l'international.

En effet, ce système prend en compte un différentiel de revenu de subsistance fixe dans le but de procurer aux producteurs un revenu décent. Le Différentiel de Revenu Décent (DRD) a été désigné comme un montant de 400 dollars US à payer pour chaque tonne de cacao de Côte d'Ivoire ou du Ghana vendue à partir de la campagne 2020/21 en plus du prix du marché.

L'objectif du DRD est d'atteindre un prix plancher cible de 2600 dollars par tonne pour les ventes anticipées de cacao.

C'est ainsi que le 25 octobre 2022, le CIGCI a décidé de boycotter la réunion internationale organisée les 26 et 27 octobre par la fondation mondiale du cacao, en raison, selon l'institution " du non-respect des engagements des multinationales qui négocient le différentiel d'origine à la baisse ".

 

 4. Contraintes

 

  • Le désintérêt grandissant de l'activité de " producteur de cacao ", dû à une faible rémunération des producteurs ;
  • La productivité des cacaoyers ivoiriens reste faible comparée aux cacaoyers de certains pays d'Amérique Latine et d'Asie du Sud Est (Equateur, Indonésie, etc.) ;
  • Le réchauffement climatique influe grandement sur les performances de production des cacaoyers ;
  • La flambée des prix des intrants agricoles, notamment des engrais, en raison du conflit entre la Russie et l'Ukraine, risque d'avoir des effets négatifs sur la croissance de la production de cacao.

 

5. Opportunités

 

  • La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao réalise 40 % de la production mondiale de fèves de cacao ;
  • Le besoin en nouvelles unités de transformation pour atteindre l'objectif de transformation de 50 % d'ici 2025 contre environ 30 % en 2021 ;
  • La consommation croissante des pays d'Asie (Japon, Chine, Corée du Sud, Inde…) en produits contenant du cacao ;
  • Nombreux débouchés : le cacao est aussi bien utilisé dans l'industrie du chocolat que dans l'industrie pharmaceutique et cosmétique, et ses déchets peuvent être utilisés comme bioénergie ;
  • Les acteurs du secteur ont initié des initiatives visant à améliorer les ressources humaines à travers la formation, tel que :
  • Le lancement le 20 octobre 2022, du Lycée professionnel sectoriel de formation aux métiers de l'agro-industrie et de la maintenance industrielle de Yopougon ;
  • L'ouverture en 2018 du Centre de Formation et d'Innovation pour l'Agroalimentaire (CFIA) du Groupe Bülher qui offre une vue d'ensemble du procédé de transformation des fèves de cacao.
  • La possibilité de bénéficier du DUS différencié sur les produits du cacao ;
  • L'activité de transformation du cacao est éligible au code des investissements (bénéfice d'exonérations fiscales et douanières).

 

6. Analyse SWOT

 

 

7. Conclusion et recommandations

 

La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de fèves de cacao avec une production de 2,2 millions de tonnes en 2021 soit plus de 1/3 de la production mondiale. Elle possède également la plus grande capacité de broyage au monde avec une capacité d'environ 867 000 tonnes/an et un niveau de transformation en nette progression (724 000 tonnes broyées en 2022[2]).

Cependant, la Côte d'Ivoire ne transforme qu'environ 30 % de sa production nationale et l'Etat ambitionne de porter ce taux de transformation à 50 % à l'horizon 2025.

Pour ce faire, l'Etat a initié des réformes en vue d'accroître la production ainsi que la capacité de transformation locale.

Il faut également noter que la consommation mondiale de chocolat (principale dérivée du cacao) demeure croissante de l'ordre de 5 % par an depuis 2015.

Toutefois, contrairement à d'autres secteurs d'activité, même si les ratios de rentabilité enregistrés par les broyeurs ivoiriens sont relativement attractifs, investir dans la transformation du cacao nécessite de lourds investissements.

Enfin, notons que des défis existent dans l'industrie cacaoyère, notamment au niveau de la volatilité des cours mondiaux, du changement climatique et de la rémunération des petits producteurs.

En conclusion, et au vu de ce qui précède, l'investissement dans le secteur de la transformation du cacao en Côte d'Ivoire nous semble judicieux, à condition de disposer d'une expertise dans le secteur, de débouchés fiables et d'une capacité financière robuste pour pérenniser l'activité.

 

[1] Une période d'harmattan plus longue avec un vent désertique chaud et sec 

[2] Source JNCC 2022

 Par Wilfried KONAN, Economiste Junior, AFRIKA FORWARD

 

Voir aussi - Côte d'Ivoire : Investir dans la transformation de la noix de cajou

Voir aussi - Investir dans la transformation de l'hévéa en Côte d'Ivoire

 

Plus d'informations au +225 27 20 23 05 21 et sur www.afrikaforward.com 

 

Communiqué

Publié le 12/12/22 16:30

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