L'Union économique et monétaire ouest-africaine a célébré ce mardi 10 décembre à Ouagadougou sa deuxième Journée Régionale de la Statistique sous le thème "Tirer parti des innovations en matière de données et de statistiques pour promouvoir une société juste, pacifique, inclusive et prospère pour les Africains".
L'événement a été marqué par un appel solennel du Commissaire Mahamadou GADO à renforcer l'investissement dans les infrastructures de données. Face aux délégations des huit États membres réunies à l'hôtel Lancaster Ouaga 2000, le représentant du Président de la Commission a posé trois défis majeurs pour transformer la région : le financement durable des systèmes statistiques nationaux, la formation d'une nouvelle génération d'analystes capables de maîtriser les technologies émergentes, et l'intensification des partenariats entre producteurs de données officielles, universités et secteur privé.
Cette mobilisation intervient alors que l'Union déploie déjà plusieurs outils innovants. Le Système d'Information Agricole Régional développé avec le CILSS permet d'anticiper les crises alimentaires. La Base de Données de la Surveillance Multilatérale traque les déséquilibres macroéconomiques susceptibles de menacer la stabilité monétaire. L'Observatoire Régional d'Analyse du Territoire vise à garantir un accès équitable à l'énergie dans l'espace communautaire.
Le Commissaire GADO a justifié cette urgence par l'ambition portée dans la Vision 2030 de l'UEMOA, pour laquelle l'innovation statistique constitue selon lui le carburant indispensable. Les enquêtes harmonisées sur les conditions de vie des ménages permettent désormais de désagréger les données par genre, âge, milieu géographique et statut socioéconomique, rendant visibles des réalités jusque-là ignorées par les politiques publiques.
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L'harmonisation méthodologique en cours, notamment la migration vers le Système de Comptabilité Nationale 2008 et le changement d'année de base des comptes nationaux, vise à renforcer la comparabilité et la crédibilité des statistiques économiques. La production régulière de l'Indice Harmonisé des Prix à la Consommation, qualifiée de bien public régional, joue un rôle crucial pour la stabilité des prix et la confiance des investisseurs dans une zone qui partage la même monnaie.
Accueillant l'événement au nom des autorités burkinabè, le Directeur général de l'Institut national de la statistique et de la démographie Toubou RIPAMA a salué cette rencontre stratégique organisée à la veille de la proclamation de l'indépendance de son pays. En tant que Président du Comité Régional de la Statistique de l'UEMOA, il a rappelé l'engagement du Burkina Faso à placer la statistique au cœur de la gouvernance, citant la devise de son institution selon laquelle gouverner c'est prévoir, prévoir c'est connaître et connaître c'est mesurer.
Les opérations de collecte conjoncturelles, les enquêtes sur les conditions de vie des ménages et la production régulière des comptes macroéconomiques illustrent cette dynamique nationale qui s'inscrit dans la coordination statistique régionale. Le directeur burkinabè a félicité la Commission pour l'organisation de cette deuxième édition, exprimant le souhait que les travaux renforcent davantage la coordination au sein de l'Union, déjà présentée comme un exemple réussi en Afrique.
La cérémonie a réuni responsables des organes et institutions de l'Union, représentants de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest et de la Banque ouest-africaine de développement, directeurs généraux des Instituts nationaux de statistique, ainsi que des délégués d'organisations internationales dont la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, le Fonds monétaire international et l'Union européenne. Des enseignants, chercheurs et étudiants ont également pris part à la rencontre.
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 11/12/25 16:40


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