La République démocratique du Congo (RDC), premier producteur mondial de cobalt, a décidé de maintenir l'interdiction d'exporter le minerai brut jusqu'à la fin du troisième trimestre 2025. Cette décision, rapportée par Reuters, s'inscrit dans la volonté des autorités congolaises de renforcer leur influence sur les prix internationaux de ce métal stratégique, indispensable à la fabrication des batteries lithium-ion.
Initialement imposée en février, cette mesure avait provoqué une envolée des cours, mais la réaction du marché est restée mesurée après l'annonce de sa prolongation. Les opérateurs, désormais mieux préparés, s'appuient sur des niveaux de stocks jugés confortables en dehors de la RDC, notamment en Chine, où le cobalt congolais est affiné.
Selon les données compilées par Reuters, les importations chinoises de cobalt congolais ont dépassé les 50 000 tonnes métriques en mars et avril 2025. Pourtant, le marché reste largement excédentaire. Le cabinet Benchmark Mineral Intelligence estime que les stocks mondiaux de cobalt raffiné hors RDC correspondent actuellement à huit à dix mois de consommation.
Cette abondance freine les effets de l'embargo congolais sur les prix, malgré les efforts du gouvernement pour peser davantage sur la chaîne de valeur. Les délais logistiques jouent aussi un rôle. En effet, il faut en moyenne 90 jours pour transporter l'hydroxyde de cobalt produit en RDC vers les usines chinoises de raffinage.
Kinshasa ne cache pas ses ambitions. Le pays souhaite inciter les producteurs à traiter le minerai sur place, pour renforcer la capacité de transformation nationale et capturer une plus grande part de la valeur ajoutée. Ce virage stratégique s'inscrit dans une logique similaire à celle de l'Indonésie, qui a conditionné ses exportations de nickel à des engagements d'investissement local dans les capacités de raffinage.
Mais la RDC fait face à une contrainte structurelle. D'après Reuters, le cobalt est principalement extrait comme sous-produit du cuivre. Toute tentative de restreindre la production affecterait donc un métal encore plus lucratif. Le cours du cuivre dépasse actuellement les 9 900 dollars la tonne sur le London Metal Exchange, soutenu par une forte demande mondiale.
A en croire l'agence de presse, les grands groupes miniers opérant en RDC, comme CMOC Group ou Glencore, concentrent ainsi leurs efforts sur l'extraction du cuivre, dont découle mécaniquement la production de cobalt. Le stockage du cobalt intermédiaire s'accumule, alimentant un coussin d'offre qui limite l'impact immédiat de l'embargo.
L'autre difficulté pour Kinshasa réside dans la transformation des usages industriels. La demande mondiale de cobalt dans les batteries lithium-ion se réoriente progressivement, avec la montée en puissance des batteries LFP (lithium-fer-phosphate), qui n'intègrent pas de cobalt. Ce basculement est particulièrement marqué en Chine, principal client du cobalt congolais.
Selon une analyse du Shanghai Metal Market relayée par Reuters, la consommation chinoise de sulfate de cobalt par l'industrie des cathodes a décliné en 2024. Cette tendance fragilise davantage la position du cobalt dans l'écosystème des matériaux critiques pour la transition énergétique.
Faute de pouvoir influer sur la production elle-même, Kinshasa envisage la mise en place d'un système de quotas d'exportation à la place de l'embargo généralisé. Mais d'après Reuters, cette option, bien qu'offrant plus de flexibilité, serait complexe à mettre en œuvre et ne résoudrait pas la question centrale de l'accumulation des stocks.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 27/06/25 15:31
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