Le Mali franchit une étape dans sa quête d'une énergie plus fiable et moins coûteuse. En effet, le conseil d'administration du Fonds africain de développement (FAD), guichet concessionnel du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), a approuvé ce 10 décembre un financement additionnel de 25,79 millions de dollars, soit 14,45 milliards FCFA, en faveur de la Guinée pour accélérer le projet d'interconnexion électrique 225 kV Guinée–Mali. Si l'enveloppe est octroyée à la Guinée, c'est bien le Mali qui se trouve au cœur des enjeux stratégiques, tant ce réseau transfrontalier doit renforcer la sécurité énergétique du pays, diversifier ses sources d'approvisionnement et soutenir son développement économique.
Cette interconnexion permettra au Mali d'accéder plus facilement au potentiel hydroélectrique guinéen, l'un des plus importants d'Afrique de l'Ouest. À terme, le pays pourra importer une énergie plus stable et à moindre coût, contribuant à soulager un système électrique encore largement dépendant des centrales thermiques et vulnérable aux fluctuations pétrolières. Le projet s'inscrit dans la vision d'intégration énergétique visant à construire un marché régional compétitif et interconnecté. Pour Bamako, il s'agit d'une opportunité stratégique : sécuriser son approvisionnement tout en préparant le terrain pour l'industrialisation, l'extension des services sociaux et l'électrification des zones rurales.
Dans le détail, le financement approuvé par le FAD, ce sont 22 millions de dollars en prêt et 3,79 millions en don, qui viennent compléter une première contribution de 41 millions de dollars accordée en 2017. Avec ce nouvel appui, le coût total du projet en Guinée atteint désormais 372 millions de dollars, contre 346 millions initialement prévus. Ce renforcement financier permettra d'achever les travaux côté guinéen, condition essentielle pour la mise en service complète de l'interconnexion jusqu'à la frontière malienne. Sans ce segment, la ligne 225 kV ne pourrait délivrer au Mali toute sa capacité énergétique. La phase opérationnelle du projet s'étalera de janvier 2026 à décembre 2028, période durant laquelle les infrastructures critiques seront finalisées, incluant des postes de transformation essentiels à la stabilité régionale du réseau.
Des retombées économiques majeures pour les ménages et les entreprises maliens
L'interconnexion devrait profiter directement aux ménages maliens, en particulier dans les zones frontalières et les centres secondaires connectés au futur réseau régional. Le Mali, confronté à une forte demande énergétique, bénéficiera d'une énergie plus fiable, réduisant les délestages ; d'un coût moyen de production plus bas, grâce à l'importation de l'hydroélectricité guinéenne ; du renforcement des activités productives (artisanat, PME, transformation agroalimentaire) ; et d'une amélioration des services publics : centres de santé, écoles, structures communautaires. Pour un pays où l'énergie demeure un frein au développement industriel, cette interconnexion représente un levier essentiel de compétitivité et un moteur d'emplois locaux.
Narcisse Angan
Publié le 12/12/25 09:35


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