La CNPC, China national petroleum corporation, maintient ses exportations de pétrole brut depuis le Niger, générant plus de 2 milliards de dollars de revenus, alors même que ses relations avec les autorités de Niamey traversent une période de vives tensions. Au cœur du différend, la politique d'embauche locale et les conditions de travail des Nigériens employés par le géant pétrolier chinois.
Selon les informations de Reuters, la CNPC continue d'exploiter à pleine capacité le gisement d'Agadem, récemment agrandi dans le cadre de sa phase 2 de développement, qui produit désormais 90 000 barils par jour. Ce brut, connu sous le nom de Meleck, est exporté via l'oléoduc de 1 950 km reliant Agadem au port de Cotonou au Bénin, une infrastructure construite et opérée par la société chinoise, le plus long pipeline d'Afrique.
Mais derrière ces performances industrielles se cachent des tensions politiques et sociales. Depuis plusieurs mois en effet, la CNPC négocie avec les autorités nigériennes pour apaiser les frictions autour de la gestion de ses ressources humaines. Trois cadres chinois avaient été expulsés en mars dernier, à la suite de désaccords persistants sur les écarts de rémunération entre employés locaux et expatriés. En mai, de nouveaux courriers officiels ont demandé le départ de plusieurs expatriés, sans que ces mesures ne soient pleinement appliquées.
Niamey réclame plus de travailleurs locaux, en exigeant que la part de travailleurs nigériens dans les projets pétroliers atteigne 80%, contre moins de 30% actuellement. Une exigence que la CNPC juge difficilement réalisable, invoquant le manque de main-d'œuvre locale qualifiée. Cette revendication s'inscrit dans la volonté du gouvernement de transition nigérien, issu du coup d'État militaire de 2023, de reprendre la main sur les richesses naturelles du pays. Comme au Mali ou au Burkina Faso, Niamey entend désormais renforcer la souveraineté nationale sur les ressources stratégiques, notamment dans le secteur pétrolier.
Il faut souligner que depuis le début de son implantation en 2011, la CNPC a investi plus de 5 milliards de dollars au Niger pour bâtir de toutes pièces une filière pétrolière intégrée : exploration, production, raffinage et exportation. Outre le champ d'Agadem, la société détient 60% de la raffinerie SORAZ, située dans le Sud du pays, qui approvisionne le marché nigérien en carburant.
Narcisse Angan
Publié le 17/10/25 09:41


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