Quand les prix des produits alimentaires flambent sur les marchés abidjanais

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 2h36min

Le constat est réel ! Les prix des denrées alimentaires de première nécessité connaissent une augmentation ces derniers temps en Côte d'Ivoire.

Un tour sur des marchés dans certaines communes d'Abidjan a suffi pour s'imprégner de cette réalité qui défraie la chronique en ce moment. D'une manière générale, les prix pratiqués sur certains produits diffèrent d'un marché à l'autre. Les denrées de base ayant subi une hausse des prix concernent principalement l'oignon, le riz, l'huile, les bouillons culinaires, le lait en poudre, le poisson, la viande de bœuf, la farine, etc.

Au grand marché d'Adjamé, le kilogramme d'oignon violet et blanc qui s'achetait il y a peu à 300 ou 350 FCFA est passé à présent à un prix minimum de 400 FCFA contre 500 FCFA au grand marché d'Abobo et entre 500 à 600 FCFA au grand marché de Marcory. Certains commerçants notamment à Marcory établissent une différence de prix d'environ 50 FCFA entre le kilogramme d'oignon blanc vendu un peu plus cher que l'oignon violet.

S'agissant du riz, les prix des sacs de 22,5 à 50 kilogrammes selon les variétés, le riz Maman et le riz Rizière ont connu des variations de +100 à +300 FCFA dans des grandes surfaces à Marcory et Abobo et de +100 à +400 FCFA voire plus sur les marchés traditionnels de même que dans des boutiques de quartiers de plusieurs communes d'Abidjan.

                Les sacs de riz avec les prix affichés dans un supermarché

La bouteille d'huile raffinée de 90 Cl qui affichait dans des supermarchés à Adjamé ou Marcory entre 900 à 1 000 FCFA est maintenant passée à 1 150 FCFA, quand celle de 1,5 litre est passée de 1 600 à plus de 1 750 FCFA. Par contre, sur les marchés traditionnels ou dans les boutiques de quartiers, cette bouteille de 90 Cl se vend entre 1 150 à 1 350 FCFA et de 1 700 à 1 900 FCFA pour la bouteille de 1,5 litre quasiment introuvable.

Les bouillons culinaires pour les assaisonnements avec ses variétés diverses n'échappent pas à cette flambée de prix. Naguère vendus entre 1 200 et 1 400 FCFA dans les grandes surfaces, les paquets affichent à présent entre 1 500 à 1 800 FCFA. Sur les marchés à ciel ouvert ou même dans les boutiques, les paquets se négocient entre 1 600 et 2 000 FCFA. Fait marquant, l'unité de la tablette de Maggi poulet, Maggi bœuf ou encore Maggi Crevette, etc., qui s'achetait à 25 FCFA, soit 4 à 100 CFA est aujourd'hui passée à 50 FCFA, soit 2 ou 3 à 100 FCFA, selon les endroits ou boutiques.

                        

Le poisson maquereau fumé très consommé par de nombreux ménages a subi une augmentation de prix sur le marché d'Abobo

Le poisson est aussi touché par cette hausse de prix. Au marché d'Abobo, maman Tania, une vendeuse, explique que le carton de poisson maquereau très consommé en Côte d'Ivoire qu'elle achetait à 16 500 FCFA est à présent passé à 18 000 FCFA.

Concernant la viande de bœuf, alors que le gouvernement avait plafonné à la date du 19 mai 2021, le prix maximum du kilogramme de la viande avec os entre 2 300 à 2 600 FCFA et sans os de 2 300 à 2 800 FCFA, ces mesures ne sont pas respectées à la lettre. Au grand marché d'Adjamé, le prix du kilogramme de bœuf avec os se négocie entre 2 700 à 2 850 FCFA contre 2 800 à 2 900 FCFA au marché d'Abobo. Selon certains bouchers, le prix du bœuf sur pied (vivant) a connu une augmentation dans les parcs à bétail surtout avec la situation actuelle du Mali qui entraîne des difficultés de ravitaillement du marché ivoirien.

Le kilogramme de viande de bœuf varie entre 2 700 et 2 900 FCFA sur les marchés

En outre, le kilogramme de lait en poudre qui s'achetait entre 2 600 à 2 800 FCFA en boutique à Adjamé a connu une hausse allant de 50 à 150 FCFA, témoigne une vendeuse de yaourt.

Il faut noter que les marchés traditionnels appliquent une hausse plus élevée sur les produits alimentaires de base contrairement aux grandes surfaces qui sont plus modérées. Durant Le rayon de bouteilles d'huile de 90 Cl qui affichaient 1 100 FCFA dans un supermarché à Abobo a été vidé par des commerçantes pour aller les revendre avec une majoration de +100 à + 350 FCFA, selon la disponibilité sur le marché traditionnel.

 La grogne des consommateurs

Face à cette hausse généralisée des prix des produits de base, la grogne des consommateurs est manifeste, tant le panier de la ménagère s'effrite de jour en jour. " On ne peut plus rien payer au marché, même chez ‘'garbatiki'' (vendeur de semoule de manioc + poisson thon frit), le morceau de poisson de 200 est passé à 250 ou 300 FCFA parce que l'huile et consort ont augmenté ", a déclaré Ali, un jeune collégien rencontré à Abobo. Même son de cloche du côté de Marcory où Virginie, gérante de cabine téléphonique a indiqué avoir fait la remarque de ce que les beignets qu'elle achetait habituellement au petit déjeuner ont diminué de volume.  

Ainsi, la faîtière des organisations des consommateurs est montée au créneau le 22 février pour dénoncer ‘'la détérioration du pouvoir d'achat des consommateurs''. Par la voix de son porte-parole Jean-Baptiste Koffi, les organisations ont appelé le gouvernement‘' à une plus grande implication dans la fixation des prix des produits de grande consommation''.

Mieux, cette faîtière a plaidé pour la révision des dispositions règlementaires relatives à la concurrence et à la fixation des prix dans l'objectif de constituer une liste exhaustive des biens et service rentrant dans la catégorie des produits grande consommation, dont les prix seront directement administrés par l'Etat.

Les représentants des organisations de consommateurs lors de leur conférence presse

En outre, le porte-voix des consommateurs a invité le gouvernement à réguler les services de transport, les loyers des maisons pour habitation, les matériaux de construction.

Concernant les loyers, il faut noter qu'Abidjan fait l'objet d'une véritable surenchère. Par exemple dans la commune populaire de Yopougon au Nord de la capitale, payer un loyer d'une 3 pièces à 150 000 FCFA voire 200 000 FCFA est devenu un fait banal ces dernières années. Et un studio y est loué jusqu'à 100 000 FCFA.

Enfin, en vue de contenir la hausse des prix, les organisations de consommateurs ont souhaité outre les mesures structurantes, ‘'la mise en place d'une politique agropastorale pour garantir l'autosuffisance alimentaire du pays''. 

Selon les chiffres officiels, la hausse générale des prix en Côte d'Ivoire a atteint un niveau élevé durant le mois de janvier 2022 pour s'établir à 5,6% par rapport à janvier 2021. L'inflation est plus le fait des produits locaux qui ont enregistré un bond de +6% contre environ +2,5% pour les produits importés.

Toute chose qui porte à croire que l'inflation à une source endogène.  Est-ce l'insuffisance de la production nationale, les difficultés d'approvisionnement ou encore les nombreuses taxes comme l'ont indiqué certains commerçants ?

D'une manière plus global, les prix les produits alimentaires à l'échelle mondiale ont augmenté de plus de 20% au mois de décembre de l'année dernière. L'indice de la FAO mesurant l'évolution des prix des denrées alimentaires est ressortie en hausse de +23,11% en décembre 2021 en rythme annuel contre une augmentation de +27,3% en novembre 2021. La forte tendance haussière des prix provient des produits tels que les huiles végétales (+36,05%), le sucre (+33,64%), les céréales (+20,7%), la viande (+17,41%) et les produits laitiers (+17,4%).

Le gouvernement ivoirien pour sa part tente de trouver une solution à une situation qui pèse lourdement sur le pouvoir d'achat des populations surtout les plus modeste. Ce 24 février le premier Patrick ACHI a échangé sur la question avec les associations de consommateurs et de la société civile.

Narcisse Angan

Publié le 25/02/22 16:44

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

r_qbP2LO9uqRtF3igTHjh_r4tUoDsJwfdym27D9bieE False