Redoutant des défauts, FMI plaide pour une reconduction en 2021 du moratoire sur l’allègement de la dette des pays pauvres en 2021

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Une crise de la dette plane sur les pays en développement qui se relèvent difficilement des dégâts économiques causés par la pandémie de Covid-19 et sans une reconduction du moratoire international sur l'allègement de la dette de ces derniers en 2021, ils pourraient sombrer dans une situation encore  plus désastreuse. La sonnette d'alarme est brandie par Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI dans une tribune publiée ce 1er octobre.

" Aucune crise de la dette ne s'est encore produite grâce aux mesures politiques décisives des banques centrales, des autorités fiscales, des créanciers bilatéraux officiels et des institutions financières internationales dans les premiers jours de la pandémie. Ces actions, bien qu'essentielles, deviennent rapidement insuffisantes " alerte-t-elle.

En avril dernier, sous l'égide du FMI et de la Banque mondiale, les pays développés réunis au sein du G20 avaient convenu d'un moratoire dénommé " initiative sur le service de la dette " (ISSD, DSSI en anglais) afin de reporter les remboursements de la dette des 77 pays les plus pauvres arrivant à échéance en 2020. A fin août, 28 pays avaient ainsi pu économiser 2,8 milliards $ de dette qu'ils auraient dû débourser cette année.

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Mais alors que cette facilité couvre les dettes arrivant à échéance jusqu'au 31 décembre 2020, il y a lieu de s'inquiéter pour la suite. En effet si aucune mesure de prorogation n'est prise pour 2021, " (…) ces pays pourraient subir une deuxième vague de détresse économique, déclenchée par des défaillances, la fuite des capitaux et l'austérité budgétaire " souligne Kristalina Georgieva. Autrement dit, alors que les finances publiques de ces Etats ne se seront pas encore totalement remises de la crise, il est à craindre que des défauts de paiements et/ou des mesures d'austérité budgétaires surviennent au point de compromettre toute possibilité de relance de ces économies.

" L'initiative de suspension du service de la dette doit être prolongée jusqu'en 2021. Sinon, ces bénéficiaires actuels seront contraints de recourir à des mesures d'austérité pour pouvoir reprendre le service de la dette, aggravant les souffrances humaines déjà causées par la crise " insiste la patronne du FMI.

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Mais au-delà de l'urgence de renforcer la liquidité des Etats fragiles (c'est-à-dire leur accès au financement), l'autre enjeu est de se pencher sur leur niveau de solvabilité (capacité à rembourser leur dette) qui était déjà inquiétant avant la crise. Le FMI souligne en effet qu'" environ la moitié des pays à faible revenu et plusieurs économies de marché émergentes étaient déjà confrontées ou exposées à un risque élevé de crise de la dette, et la poursuite de la hausse de la dette est alarmante ".

" Réformer l'architecture de la dette internationale "

L'institution se penche sur des réformes à mener à l'échelle internationale afin de prévenir toute crise de la dette à l'avenir dans un rapport qu'elle vient de publier. Elle propose dans un premier temps que débiteurs (emprunteurs) et créanciers renforcent les dispositions contractuelles qui prennent en compte les situations de perturbations économiques. Les clauses pourraient porter par exemple sur une réduction du remboursement de la dette ou une suspension automatique du service de la dette en cas de catastrophes naturelles et d'autres chocs économiques importants.

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Kristalina Georgieva indique en outre qu'une plus grande transparence sur la dette au niveau des Etats devrait inciter l'ensemble des créanciers à prendre part aux restructurations.

Enfin, les créanciers bilatéraux officiels devraient convenir d'une approche commune pour restructurer les dettes bilatérales publiques et cela devrait concerner tant les membres du Club de Paris que les autres créanciers bilatéraux non membres. " Une telle approche viserait à garantir le partage des informations et un partage équitable de la charge entre tous les créanciers. Ce faisant, cela augmenterait probablement la participation et éviterait des retards coûteux " relève-t-elle.

" Le monde se trouve à un moment critique et ne devrait pas rester les bras croisés en attendant une crise. Il doit (…) faire tout son possible pour empêcher, et si nécessaire, prévenir un autre bourbier de la dette souveraine. L'alternative pourrait être des défauts à grande échelle qui nuiraient gravement aux économies et retarderaient leur rétablissement pendant des années. Les pays à faible revenu sont particulièrement à risque et leur population est susceptible de souffrir le plus en cas de crise de la dette ", a conclu Kristalina Georgieva.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 02/10/20 17:26

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