Depuis le 30 octobre 2025, l'espace aérien de l'Afrique de l'Ouest et du centre fonctionne désormais en routes libres, une innovation qui permet aux compagnies aériennes de choisir leurs trajectoires optimales plutôt que de suivre des couloirs fixes. L'Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) annonce ainsi l'entrée en vigueur complète de ce nouveau cadre opérationnel, après deux années d'essais concluants.
Le principe de routes libres repose sur les routes préférentielles des utilisateurs, qui offrent aux pilotes la possibilité d'adapter leurs itinéraires en fonction des vents, de la météo ou de l'activité aérienne. Cette flexibilité annonce une rupture avec des décennies de navigation contrainte par des schémas rigides. Les bénéfices attendus sont considérables, avec des temps de vol réduits, une consommation de carburant moindre et, par conséquent, une baisse significative des émissions de carbone.
Cette évolution s'inscrit dans le Plan mondial de navigation aérienne de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) et dans la dynamique de coopération au sein du Groupe régional de planification et de mise en œuvre Afrique-Inde. La Banque africaine d'import-export (Afreximbank) accompagne l'initiative depuis ses débuts, en cohérence avec son engagement en faveur de la performance du secteur aérien et de la facilitation du commerce intra africain.
La mise en œuvre des routes libres est le fruit d'une large coordination entre les compagnies aériennes et les fournisseurs de services de navigation aérienne. L'atelier de Dakar a permis d'acter la fin de la phase expérimentale et d'engager toutes les parties prenantes vers un fonctionnement intégral. L'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar, les autorités de navigation du Ghana et du Nigeria, la Régie des Voies Aériennes, la région d'information de vol de Roberts, ainsi que l'Association du transport aérien international et l'Organisation des services de navigation aérienne civile ont joué un rôle clé dans cette transition.
Des gains opérationnels immédiats pour les compagnies
Six grandes compagnies du continent ont déjà obtenu l'autorisation d'utiliser les routes préférentielles. Ethiopian Airlines, Kenya Airways, EGYPTAIR, Royal Air Maroc, RwandAir et ASKY Airlines relient désormais trente paires de villes grâce à ces itinéraires optimisés. Les premières estimations illustrent l'ampleur des bénéfices attendus, avec plus de 1 000 heures de vol économisées par an, une réduction de 5 000 tonnes de carburant et l'évitement de 16 000 tonnes d'émissions de CO2. Les économies réalisées sur le carburant pourraient atteindre 15 millions de dollars chaque année.
L'un des aspects les plus marquants du nouveau système réside dans son accessibilité immédiate. Depuis fin octobre, toute compagnie aérienne peut planifier une route préférentielle dans la région, les demandes étant examinées dans un délai maximal de 48 heures. Une simplification supplémentaire interviendra à la mi 2026, lorsque les 24 États concernés auront finalisé les ajustements juridiques requis. À partir de ce moment, aucune approbation préalable ne sera nécessaire pour exploiter une trajectoire préférentielle.
Le succès enregistré en Afrique de l'Ouest et du centre prépare déjà l'extension du dispositif. Dès 2026, les efforts se concentreront sur la région orientale et australe afin d'achever les essais et de généraliser l'espace aérien à routes libres. Une plateforme de coordination en ligne est en cours de développement pour synchroniser les opérations des compagnies aériennes et des prestataires de navigation, dans une logique de ciel africain unifié.
La Rédaction
Publié le 08/12/25 16:45


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