Un pari logistique à 600 millions USD pour fluidifier le corridor minier de la RDC

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La République démocratique du Congo s'apprête à accueillir l'un des projets logistiques les plus ambitieux de la région. Un consortium de sociétés de capital-investissement et d'institutions financières sud-africaines vient d'acter un investissement de 600 millions de dollars pour la construction d'un port sec destiné à désengorger l'un des corridors miniers les plus stratégiques d'Afrique australe. L'enjeu est majeur. Le cuivre et le cobalt congolais, deux minerais au cœur de la transition énergétique mondiale, circulent aujourd'hui via un réseau saturé qui freine la compétitivité du pays et de ses voisins.

À la manœuvre, le groupe sud-africain Yellowstone, détenteur d'une concession de 20 ans pour concevoir, construire et exploiter l'infrastructure. Il mobilisera un financement hybride combinant dette et capitaux propres auprès de grands acteurs financiers sud-africains. Standard Bank Group, Nedbank Group, le gestionnaire d'actifs Ninety One ainsi que Africa Export Import Bank participeront à l'opération, structurée à près de 80% sous forme de dette, selon le chef de projet François Diedrechsen. Les accords de concession ont déjà été signés et la clôture financière est attendue d'ici fin juillet, une fois les diligences techniques achevées.

Le modèle économique retenu repose sur un mécanisme de paiement par l'utilisateur. Les recettes générées par le trafic devront assurer à la fois le remboursement de la dette et la rémunération des investisseurs. Une redevance indexée sur les revenus, comprise entre 7 et 15%, sera reversée à l'État congolais. Un schéma qui reflète une tendance croissante sur le continent. Face aux tensions commerciales internationales et à l'impératif d'améliorer les chaînes d'approvisionnement africaines, de plus en plus d'institutions financières locales s'engagent dans des projets d'infrastructures stratégiques.

L'ambition du projet est considérable. Ce port sec devra absorber quotidiennement le passage de 1 500 camions chargés de cuivre et de cobalt transitant par la Zambie vers les installations portuaires sud-africaines de Durban ou celles de Maputo, au Mozambique. L'objectif est de réduire drastiquement les délais de dédouanement au poste frontalier de Kasumbalesa, où les files d'attente peuvent atteindre six jours. Le nouveau dispositif promet de ramener ce délai à seulement 4 heures. Pour François Diedrechsen, qui a déjà piloté la modernisation du poste de Beit Bridge entre le Zimbabwe et l'Afrique du Sud, cette initiative s'inscrit dans un mouvement plus large. Les membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe cherchent activement à fluidifier leurs frontières pour soutenir la croissance du commerce intra-régional.

Ce projet intervient alors que les puissances étrangères intensifient leurs investissements dans les routes minières congolaises. Les États-Unis soutiennent la mise en place du corridor de Lobito, qui relie les zones d'extraction à l'Atlantique via une ligne ferroviaire de 1 300 kilomètres jusqu'au port angolais de Lobito. Dans le même temps, la Chine, déjà dominante dans le raffinage mondial du cuivre et du cobalt, développe ses propres axes logistiques, notamment via l'océan Indien, en finançant des ports secs ainsi que des infrastructures routières et ferroviaires.

L'initiative portée par les acteurs sud-africains marque ainsi une étape décisive pour repositionner la région dans la compétition internationale autour des minerais stratégiques. Elle pourrait surtout transformer l'un des corridors les plus congestionnés d'Afrique en un levier majeur d'intégration économique régionale.

La Rédaction

Publié le 08/12/25 15:59

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