L'accès au territoire américain se resserre à nouveau. En effet, l'administration Trump a officialisé ce 16 décembre, une extension majeure des restrictions de voyage, ajoutant 20 nouveaux pays et l'Autorité nationale palestinienne à un dispositif déjà controversé. Dans cette nouvelle liste, figure la Côte d'Ivoire parmi 15 pays faisant désormais l'objet de restrictions partielles.
Ces mesures concernent principalement les visas de court séjour et certains projets d'immigration, avec des procédures plus lourdes, des refus ciblés ou des contrôles renforcés. Si toutes les catégories de voyageurs ne sont pas logées à la même enseigne, l'impact potentiel sur les échanges humains, économiques et académiques est réel, en particulier pour des pays africains fortement connectés aux États-Unis par les diasporas, les études et les affaires. Dans les 14 autres pays, on y retrouve l'Angola, le Bénin, le Gabon, la Gambie, le Malawi, la Mauritanie, le Nigeria, le Sénégal, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe, l'Antigua-et-Barbuda, la Dominique et les Tonga.
En outre, en plus de la Syrie, 4 pays africains basculent sous le régime le plus strict. Il s'agit du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Soudan du Sud. Pour leurs ressortissants, l'entrée aux États-Unis est suspendue, sauf dérogations exceptionnelles. Ces pays rejoignent une liste déjà fournie, qui comprenait notamment l'Afghanistan, l'Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan ou encore le Yémen. Parallèlement, les détenteurs de documents délivrés par l'Autorité palestinienne sont désormais visés par une interdiction d'immigration vers les États-Unis. Une mesure qui va plus loin que les restrictions précédentes et qui, de fait, ferme quasiment toute perspective de mobilité vers le territoire américain pour ces voyageurs.
Au total, 39 territoires sont désormais soumis soit à une interdiction totale d'entrée, soit à des restrictions partielles, marquant l'un des durcissements les plus significatifs de la politique migratoire américaine de ces dernières années. Cette décision, qui entrera en vigueur dès le 1er janvier 2026, s'inscrit dans la continuité des annonces de juin dernier, lorsque Washington avait déjà interdit l'accès au territoire américain aux ressortissants de 12 pays et renforcé les contrôles visant 7 autres. Elle ravive un débat politique et diplomatique sensible, notamment avec plusieurs pays africains désormais directement concernés.
Les restrictions et limitations imposées par la Proclamation sont nécessaires pour empêcher l'entrée de ressortissants étrangers sur lesquels les États-Unis ne disposent pas d'informations suffisantes pour évaluer les risques qu'ils représentent, obtenir la coopération des gouvernements étrangers, faire respecter nos lois sur l'immigration et promouvoir d'autres objectifs importants en matière de politique étrangère, de sécurité nationale et de lutte contre le terrorisme.
La sécurité brandie comme justificatif
Les Etats-Unis justifient que les restrictions et limitations sont imposées pour empêcher l'entrée de ressortissants étrangers ne disposent pas d'informations suffisantes pour évaluer les risques qu'ils représentent sur son territoire. L'administration Trump invoque aussi une combinaison de facteurs, à savoir la corruption administrative, la fiabilité jugée insuffisante des documents civils, les casiers judiciaires difficiles à vérifier, mais aussi les taux élevés de dépassement de visas et refus, par certains États, de reprendre leurs ressortissants expulsés. Washington évoque en clair un ‘'manque général de stabilité et de contrôle gouvernemental'' dans certains pays, rendant selon elle l'évaluation des risques plus complexe.
Autant d'arguments rattachés à la sécurité nationale, devenue un pilier central de la politique migratoire républicaine. Certaines exemptions demeurent toutefois prévues. Les résidents permanents légaux, les diplomates, les athlètes, ainsi que les personnes dont l'entrée est considérée comme servant les intérêts stratégiques des États-Unis, ne sont pas automatiquement concernées.
Une décision vivement contestée
Sans surprise, l'annonce a immédiatement suscité une vive opposition parmi les organisations de défense des droits humains et des migrants. Pour Laurie Ball Cooper, vice-présidente de l'International Refugee Assistance Project, cette politique n'a ‘'rien à voir avec la sécurité nationale'' et relève d'une stigmatisation collective fondée sur l'origine.
Les critiques sont également particulièrement vives concernant l'Afghanistan. Les défenseurs des Afghans ayant soutenu l'effort de guerre américain dénoncent la disparition des exceptions pour les bénéficiaires potentiels de visas spéciaux d'immigrant, pourtant destinés à protéger des personnes ayant collaboré étroitement avec les forces américaines au péril de leur vie.
Narcisse Angan
Publié le 17/12/25 10:55


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