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C'est un tournant que vient de franchir le continent africain. L'accord instaurant la ZLEC, la zone de libre-échange interafricaine, a été ratifié ce 2 avril par un 22ème Etat, la Gambie, ouvrant ainsi la voie à sa mise en œuvre effective.
Adoptée en grande pompe le 21 mars 2018 au sommet de l'Union africaine à Kigali, la ZLEC a été signée par 49 Etats (sur 55) et la ratification d'un minimum de 22 pays était la dernière étape à franchir pour rendre le projet opérationnel, du moins sur le plan théorique.
L'enthousiasme autour de la ZLEC vient des immenses promesses de retombées que peut attendre le continent. Avec seulement 16% d'échanges intra-africains, la levée des barrières commerciales entre les Etats de la région devrait générer, chaque année, un "gain net de 2,8 milliards de dollars de revenus réels pour les Africains" a estimé Hanan Morsy, le directeur du département de la politique macroéconomique de la BAD.
Plus encore, pour la CEA, la commission économique pour l'Afrique, la ZLEC devrait booster le commerce intra-africain de 52,3% avec l'élimination des droits de douanes à l'importation et même le doubler si les barrières non tarifaires étaient réduites.
Dans les faits, "avec des tarifs moyens de 6,1 %, les entreprises sont actuellement confrontées à des droits de douane plus élevés lorsqu'elles exportent en Afrique plutôt qu'en dehors du continent" ajoute la CEA.
Dans une région qui va passer de 1,2 milliard de consommateurs à 2,5 milliards en 2050 puis 4,5 milliards en 2100, soit alors 40% de la population mondiale, le potentiel d'un tel projet a de quoi rendre optimiste quant à l'avenir du continent.
Il restera maintenant, dans la pratique, à lever les écueils administratifs et à interconnecter les économies, ce qui n'est pas encore donné. Mais au-delà, il sera question de travailler à rendre les économies africaines plus complémentaires et donc à développer des offres internes plus compétitives.
« Nous sommes déterminés à poursuivre notre soutien au programme d'intégration de l'Afrique, car cela devrait conduire à une croissance durable, aider le continent à résister aux pressions externes et permettre aux entreprises africaines de se développer et de devenir des géants mondiaux », soutient fermement Gabriel Negatu, directeur général de la BAD pour l'Afrique de l'est.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 04/04/19 18:58
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