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Rien ne semble vouloir arrêter l'envolée des prix du cacao au Cameroun qui battent de nouveaux records presque quotidiennement, au grand bonheur des agriculteurs. Au cours des dernières opérations de ventes groupées qui se sont déroulés le 5 mars à Abong-Bang dans la région de l'Est, le kilogramme de fèves s'est vendu à 4 225 FCFA (6,44 euros) contre 3 300 FCFA (5,03) euros 16 jours en arrière. Dans un communiqué, le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana a indiqué qu'avec ce prix, la brique rouge camerounaise était désormais “sur le toit du monde”, citant comme cause de cette envolée, “un contexte international porteur” et “le redressement soutenu et reconnu de la qualité de la fève camerounaise”.
Les atouts de la libéralisation
Le marché du cacao au Cameroun a été entièrement libéralisé en 1991, ce qui signifie que le prix payé au producteur est, dans une moindre mesure, corrélé à celui pratiqué sur le marché mondial. Or depuis le début de l'année, les cours de l'or brun connaissent une envolée spectaculaire. A New York, la tonne de cacao s'est négociée dans la journée du 5 mars 2024 à 6 549 dollars, en hausse de 182,5% par rapport à la même période l'année dernière. La baisse de la production du Ghana et de la Côte d'Ivoire, du fait de la persistance du virus du “swollen shoot” qui fait pourrir les cabosses, a été un catalyseur majeur de l'explosion des cours. A cela s'ajoute la forte sécheresse sur la côte ouest africaine consécutive au phénomène climatique El Niño.
Si les producteurs camerounais tirent leur épingle du jeu de cette flambée des prix à l'échelle mondiale, c'est aussi grâce aux ventes groupées qui se tiennent de manière périodique dans les bassins de production. Ce processus regroupe d'un côté les coopératives de producteurs et de l'autre les exportateurs et transformateurs locaux, le tout sous la supervision du gouvernement. Ces ventes aux enchères publiques permettent surtout d'assurer une transparence dans le processus de commercialisation car jusqu'à récemment encore, le cacaoculteur, mal informé des tendances mondiales, subissait la loi des intermédiaires.
Il faut également dire qu'au niveau des acheteurs, la concurrence s'est renforcée ces dernières années avec notamment 45 exportateurs actifs, 6 unités de transformation industrielle et 34 unités de transformation artisanale, selon les données de l'Office nationale du cacao et du café (ONCC). Par contre, l'offre n'a pas beaucoup progressé, stagnant autour de 260 000 tonnes au cours des 5 dernières campagnes.
Voir aussi : Cameroun : Les exportations de cacao ont généré 265 milliards FCFA de revenus
Grise mine chez les producteurs ivoiriens
Mais l'embellie sur l'or brun est loin de satisfaire les cacaoculteurs de tout bord notamment ceux de Côte d'Ivoire, qui perçoivent quatre fois moins la somme empochée par leurs homologues camerounais. La raison ? Le mécanisme de fixation des prix est différent de celui pratiqué au Cameroun, car dans la nation ouest-africaine, les producteurs vendent 80% de leurs récoltes aux exportateurs par anticipation. En début de campagne(octobre), le gouvernement, à travers le Conseil café-cacao (CCC) fixe un prix producteur garanti qui peut ensuite être ajusté au cours de la campagne intermédiaire. L'objectif étant de protéger les producteurs des fluctuations mondiales et de leur garantir un rendement minimum.
Pour la campagne 2023 - 2024, le prix d'achat garanti aux producteurs a été fixé par l'État à 1 000 FCFA (1,52 dollars), en hausse de 11% par rapport à celui de la campagne précédente. Un prix qui pourrait être ajusté dès le mois d'avril, au lancement de la campagne intermédiaire.
Cédrick JIONGO
La Rédaction
Publié le 07/03/24 09:58
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