Gabon : Gel des baux administratifs après une envolée de la dette locative

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  Henri-Claude Oyima, ministre gabonais en charge des Finances 

Le gouvernement gabonais vient de suspendre, avec effet immédiat, le traitement et le règlement des baux administratifs. Dans une note signée le 16 mai 2025 par le ministre de l'Économie, des Finances, de la Dette et des Participations chargé de la lutte contre la vie chère, Henri-Claude Oyima, l'État invoque une hausse jugée préoccupante de la dépense publique liée à la location de locaux administratifs.

Selon les chiffres officiels, entre 2013 et 2025, la facture annuelle des baux administratifs gérés de manière centralisée est passée de 6,7 milliards à plus de 25 milliards FCFA (environ 38,1 millions d'euros), affichant une croissance annuelle moyenne de 37,5 %. Cette dynamique inflationniste a creusé une dette spécifique de 39,15 milliards FCFA, à laquelle s'ajoutent 28,28 milliards FCFA d'arriérés de paiement, portant le passif global à plus de 67 milliards FCFA (environ 102 millions d'euros).

Dans ce contexte, les directeurs généraux de la Comptabilité publique, du Patrimoine de l'État, du Budget et du Contrôle budgétaire ont été instruits de geler toute procédure en lien avec ces baux jusqu'à nouvel ordre. Cette décision précède un audit complet du dispositif.

Les origines de cette dérive sont multiples. Le ministère susmentionné cite la multiplication des entités administratives, l'absence d'un programme structuré de réhabilitation ou de construction de bâtiments publics, et la disparition de la Cité de la démocratie, ancien complexe administratif qui abritait notamment les représentations onusiennes. À cela s'ajoute, selon le même ministère, une gestion budgétaire peu rigoureuse dans l'allocation des ressources locatives.

L'alerte n'est pourtant pas nouvelle. Dès 2015, les autorités avaient engagé un processus d'assainissement du système des baux administratifs. Le ministère du Budget et des Comptes publics avait alors invité tous les propriétaires de bâtiments loués par l'État à se rapprocher de la Direction du patrimoine administratif, munis des documents de propriété, d'un rapport d'expertise et du contrat de bail. L'opération visait à vérifier la régularité juridique des contrats, l'existence effective des locaux et la réalité de leur occupation.

Ces vérifications avaient permis de mettre au jour plusieurs irrégularités à savoir : contrats non conformes aux règles en vigueur, surfacturation, voire locations fictives. En réaction, une circulaire signée en février 2021 par le Premier ministre de l'époque, Rose Christiane Ossouka Raponda, avait confié à la Direction générale du patrimoine de l'État (DGPE) la mission de collecter tous les contrats de location, y compris à l'étranger, afin de constituer une base de données nationale. Cette démarche prévoyait également la mise en place d'un barème officiel des loyers et l'instauration d'un format-type pour les nouveaux contrats.

Pour sortir de cette dépendance locative structurelle, le Gabon a lancé la construction d'un vaste complexe administratif baptisé Cité Émeraude. Située au cœur de Libreville, cette future cité est destinée à regrouper l'ensemble des services publics nationaux dans des bâtiments modernes, sécurisés et pérennes.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 26/05/25 15:57

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