Les entreprises gabonaises se préparent à une nouvelle hausse des coûts du carburant en 2026, conséquence directe des dispositions inscrites dans la Loi de Finances 2026, adopté à la quasi-unanimité à l'Assemblée nationale de la Transition.
Selon le texte, le gouvernement prévoit une réduction progressive des subventions sur les produits pétroliers, pour un montant évalué à plus de 125 milliards FCFA, afin de contenir le déficit budgétaire et d'aligner les prix à la pompe sur les coûts réels du marché international. Une orientation qui risque d'alourdir la facture énergétique des entreprises, déjà confrontées à la hausse des coûts logistiques et de production.
La Loi de finances 2026 acte en effet une diminution de 32% de l'enveloppe allouée aux compensations de prix des produits pétroliers, passée de 184,7 milliards de FCFA en 2025 à 125,5 milliards de FCFA cette année.
En parallèle, les recettes issues de la Taxe Spéciale sur les Produits Pétroliers (TSPP) devraient progresser de 14,8%, passant de 277 milliards de FCFA à 318 milliards de FCFA, selon les prévisions du ministère du Pétrole. Ce double mouvement traduit une volonté de " vérité des prix ", mais ouvre aussi la voie à une hausse mécanique des coûts du litre de carburant pour les ménages et les entreprises, notamment dans le transport, la distribution et le BTP.
Pour le secteur privé, cette évolution constitue un réel défi de compétitivité. Les transporteurs et logisticiens, déjà fragilisés par la fluctuation du baril et les retards d'approvisionnement en hydrocarbures, devront intégrer cette hausse dans leurs tarifs. Le syndicat des transporteurs urbains de Libreville estime que les coûts d'exploitation pourraient augmenter de 10 à 15% dès le premier semestre 2026. Les entreprises industrielles, de leur côté, redoutent un effet en cascade sur le prix des matières premières et de l'énergie, avec un impact direct sur le coût du kilowattheure dont la production dépend encore à près de 60% des centrales thermiques au fioul.
Des mesures d'atténuation
L'État, conscient du risque inflationniste, prévoit dans le même texte un renforcement ciblé des filets sociaux, notamment par la création d'un fonds de stabilisation des prix de l'énergie doté de 20 milliards FCFA, et la compensation partielle des coûts de transport interurbains. Ces mesures d'atténuation restent toutefois limitées face à l'ampleur des réformes énergétiques annoncées, qui visent à transférer progressivement la charge budgétaire vers les acteurs économiques. Le gouvernement espère, à moyen terme, compenser cette hausse par la baisse des importations de produits raffinés grâce à la montée en puissance de la raffinerie de Port-Gentil dans un premier temps et la construction d'une nouvelle raffinerie.
Pour ces entreprises, il faudra désormais absorber une partie de la hausse au risque de réduire leurs marges, ou répercuter les surcoûts sur le consommateur final. Dans un contexte où la croissance économique est attendue à a peine 3,4% en 2026 selon les observateurs, la question du coût du carburant devient un indicateur central de la reprise post-transition. Comme le résume un industriel du secteur des matériaux de construction : " Ce n'est pas seulement une question de carburant, c'est une question de survie économique. "
Idrissa Diakité
La Rédaction
Publié le 30/10/25 15:28


SN
CM

