À rebours des scénarios sombres élaborés au printemps, l'économie mondiale a une nouvelle fois fait mentir les prévisionnistes. Malgré une intensification des droits de douane, une flambée des incertitudes politiques et des craintes de récession synchronisée, la croissance mondiale devrait atteindre environ 2,7% en 2025, un niveau finalement proche des anticipations formulées en début d'année.
L'année a basculé en avril lorsque la montée des tensions commerciales entre grandes puissances a brusquement dégradé les perspectives de croissance. Les analystes tablaient alors sur l'un des épisodes les plus sombres de la décennie, révisant leurs prévisions à la baisse d'environ 0,4 point. Pourtant, le scénario redouté n'a pas eu lieu. Dès l'été, les économies ont démontré une capacité d'absorption bien supérieure à ce qui était anticipé, ramenant progressivement les projections à leurs niveaux initiaux.
Cette résilience, devenue caractéristique de l'ère post-pandémique, s'appuie sur une dynamique plus large que celle observée avant 2020. Les États Unis ont joué un rôle central avec un rebond de leurs prévisions de croissance, passées de 1,2% au printemps à 2% en fin d'année, portées par l'investissement dans l'intelligence artificielle, un assouplissement monétaire et un soutien budgétaire accru. Les autres économies avancées ont suivi une trajectoire similaire grâce au reflux de l'inflation, à la baisse des taux et à des politiques publiques ciblées. Les pays émergents et en développement ont également contribué à stabiliser l'activité, soutenus par la vigueur des services, la diversification commerciale et un environnement de taux plus favorable.
Le commerce mondial a constitué un amortisseur inattendu. Alors que la multiplication des barrières commerciales laissait présager une contraction brutale, les flux d'échanges ont au contraire progressé à un rythme remarquable, dopés notamment par l'anticipation des expéditions avant l'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane et par une capacité d'adaptation rapide des chaînes de valeur. L'incertitude liée à la politique commerciale, qui avait atteint un pic en avril, s'est ensuite nettement atténuée.
Les marchés financiers ont eux aussi contribué au redressement du climat économique. Le relâchement des conditions financières mondiales, alimenté par un regain d'appétit pour le risque et par une baisse des rendements, a facilité le financement des économies émergentes. La détente sur les prix de l'énergie, avec un Brent en recul de près de 12% depuis le début de l'année, a renforcé le pouvoir d'achat des ménages et limité les pressions inflationnistes.
Pour autant, cette embellie ne doit pas masquer une réalité plus fragile. La croissance mondiale reste inférieure à sa moyenne post-pandémique et se situe parmi les plus faibles depuis la crise financière. La moindre détérioration de l'appétit pour le risque, une escalade géopolitique ou un retour des restrictions commerciales pourraient rapidement inverser la tendance.
En dépit de ces vulnérabilités, 2025 consacre une constante désormais bien ancrée depuis la pandémie. L'économie mondiale continue de surprendre par sa capacité à absorber les chocs et à déjouer les anticipations pessimistes. Une performance qui, cette année encore, rappelle que la résilience est devenue l'un des traits majeurs du cycle économique actuel.
La Rédaction
Publié le 03/12/25 21:56


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