Michael Ahonzo AVOU, directeur régional Salle des Marchés Afrique subsaharienne de Société Générale : ‘’ Nous avons été élue meilleur fournisseur de prix six années consécutives par Global Finance, …’’

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Michael Ahonzo AVOU, directeur régional Salle des Marchés Afrique subsaharienne de Société Générale : Nous avons été élue meilleur fournisseur de prix six années consécutives par Global Finance, …

Alors que leur mise en place est relativement récente, les salles de marchés jouent pourtant un rôle central dans le secteur financier. Pour mieux comprendre ce type de marché et son mode de fonctionnement, Sika Finance est allé à la rencontre de Michael Ahonzo AVOU, directeur régional Salle des marchés Afrique subsaharienne de Société Générale.

Au cours de cet entretien, il explique les entités constitutives de ces salles et met l'accent sur la réponse aux besoins des clients en matière de change et la gestion des risques liés aux taux de change.

Une part significative de la discussion se concentre sur l'impact de la baisse des réserves de change de la BCEAO sur l'activité de change dans la région, en lien avec l'hyperinflation mondiale, et comment la Société Générale a réagi pour servir ses clients dans ce contexte. De plus, l'interview explore l'engagement de la Société Générale dans le financement des États de la région grâce à l'achat de titres publics, soulignant son rôle majeur sur le marché des titres publics.

Enfin, les défis auxquels les salles de marchés de la Société Générale sont confrontées sont abordés, notamment l'évolution constante de l'environnement financier et la nécessité de maintenir une qualité de service élevée. Société Générale partage également sa vision de l'innovation sur les marchés financiers de l'UEMOA, mettant en avant de nouveaux instruments et mécanismes pour mieux servir ses clients et soutenir le développement économique de la région.

Pourriez-vous décrire ce qu'est une Salle de Marchés et donner ses entités constituantes au niveau de Société Générale en Afrique subsaharienne ?

Une salle de marchés est l'endroit où se rassemblent les opérateurs intervenant sur les marchés financiers ; elle est le point central des transactions effectuées par les institutions financières et elle comporte différents services " Desk " composés de vendeurs " Sales " et d'opérateurs de marchés " Traders ".

  • Les Sales sont des commerciaux spécialisés sur les marchés financiers, avec pour mission d'accompagner notre clientèle en matière de change, tout en leur proposant des solutions adaptées à leurs besoins. Par leur expertise, les Sales assisteront le client sur les problématiques du marché de change local et international.
  • Les Traders fournissent les meilleurs prix aux Sales de la salle des marchés et aux filiales du groupe. Leurs missions consistent à développer de nouveaux produits, en collaboration avec les Sales pour les besoins des clients ; mais également maintenir les relations avec les institutions financières.
Une salle de marchés se doit d'être à la pointe du progrès technique tant en ce qui concerne les communications, les systèmes informatiques que la gestion des flux d'informations.

Le fonctionnement d'une salle de marchés nécessite la synergie de trois pôles :

  • Le Front office composé de Sales et Traders en charge de la négociation ;
  • Le Middle office pour gérer les risques et analyser les résultats ;
  • Le Back-office en charge des saisies et du contrôle des opérations.

Une salle de marchés se doit d'être à la pointe du progrès technique tant en ce qui concerne les communications, les systèmes informatiques que la gestion des flux d'informations.

Compte tenu de l'arrivée relativement récente des salles de marché dans la région, quelles sont les raisons qui ont motivé leur mise en place au niveau de Société Générale et depuis quand sont-elles fonctionnelles ?

La salle des marchés régionale pour l'Afrique subsaharienne a été créée en 2016, avec pour objectif dans un premier temps de répondre au mieux aux besoins de nos clients en matière de change. Il s'agissait de mettre à leur disposition, l'ensemble de nos experts et la force de notre réseau dans ce domaine, afin de proposer une gamme de produits qui leur permettrait de se couvrir contre le risque de change. Dans certains secteurs à l'import ou l'export, les marges sont infimes, par conséquent, le contrôle des coûts s'avère indispensable. De plus, la prévention du risque de change s'insère dans une chaîne de valeur parmi les prestations que la banque offre, pour accompagner nos clients dans leurs opérations à l'international. Notre salle des marchés a été élue meilleur fournisseur de prix pendant six années consécutives par le magazine Global Finance, elle représente l'une des vitrines de la banque.

“Il s'agissait de mettre à leur disposition, l'ensemble de nos experts et la force de notre réseau dans ce domaine, afin de proposer une gamme de produits qui leur permettrait de se couvrir contre le risque de change.”

Outre le marché des changes, nos opérateurs de marché interviennent depuis l'année dernière sur le marché des capitaux de la zone UEMOA, en tant que teneur de marché " Market Maker " sur les titres d'Etats de l'UEMOA émis par adjudication. Nous permettons, grâce à notre réseau et notre expertise, la rencontre entre les agents économiques ayant un excédent de capitaux à placer contre intérêts au profit des pays de la zone UEMOA, pour leurs besoins en financement. Nous avons vocation à développer le marché secondaire de la zone, en mettant à disposition notre capacité régionale au service des institutions financières locales et internationales. Il nous paraît indispensable de pouvoir accompagner les investisseurs, autant pour une bonne compréhension de notre réglementation et l'exécution de leurs ordres à l'achat, qu'à la vente avec l'assurance d'obtenir un prix compétitif. Cette initiative est un complément des services proposés par l'activité Titres de notre conservateur Société Générale Securities Services et notre filiale de conseil Société Générale Capital Securities West Africa, mais également un support aux trésoreries de nos filiales et nos salles des marchés à l'international.

Quels sont les marchés sur lesquels vous intervenez en Afrique subsaharienne et quelles sont les particularités de chaque marché ?

Nous intervenons sur le marché des changes et le marché des capitaux. Le marché des changes de la zone UEMOA et CEMAC est régi par une parité fixe entre l'euro et le franc CFA (XOF et XAF), ainsi la variation de l'euro face aux autres devises impacte le franc CFA. Il s'agit d'un marché très réglementé sur les deux zones.

“Nous intervenons sur le marché des changes et le marché des capitaux de la zone UEMOA & CEMAC.”

En zone UEMOA, deux organes régulateurs interviennent :

-  Les Finances Extérieures (FINEX) donnent l'autorisation d'effectuer une opération de commerce extérieure. Ils s'assurent de la domiciliation, de la déclaration et de la justification économique d'une opération.

-  La BCEAO, elle, a pour rôle de mettre en œuvre la politique monétaire, veiller à la stabilité du système bancaire et financier, et gérer les réserves officielles de change des Etats membres de l'UEMOA. La BCEAO est le fournisseur de devises étrangères (Euro et Dollar).

Du côté de la CEMAC, le marché est régulé par la BEAC selon des principes similaires. Chaque produit vendu devra avoir un motif économique, il n'y a donc pas de place pour la spéculation. Nous avons également pour vocation d'étendre nos capacités, à la possibilité de traiter plus de devises africaines pour mieux répondre aux besoins de nos clients.

Le marché des capitaux se distingue par la singularité d'être animé à 90% par les banques locales qui opèrent au sein d'un marché intégré des titres publics.

Dans l'UEMOA, la BCEAO a annoncé une importante baisse de près de 21% des réserves de change à fin 2022, en lien avec le contexte d'hyperinflation qui a prévalu au niveau international. Comment cette situation a-t-elle impacté votre activité de change dans la zone ?

La baisse des réserves de change s'est fait ressentir depuis le second semestre de l'année 2022. Effectivement, nous avons assisté à une flambée des prix à l'international de nos importations, contre une stabilité des prix de nos produits d'exportation, se traduisant directement par une baisse des réserves de change.

“Cette période a été difficile pour tous les établissements de crédits de la zone, mais surtout pour nos clients, composés d'une part, de clients pourvoyeurs de devises, et d'autre part, de consommateurs de devises qui sont des importateurs.”

Cette période a été difficile pour tous les établissements de crédits de la zone, mais surtout pour nos clients. Notre portefeuille client est composé d'une part, de clients pourvoyeurs de devises, et d'autre part, de consommateurs de devises qui sont des importateurs.

Société Générale a malgré tout su mettre en place des mécanismes, pour s'assurer que tous nos clients soient servis à la hauteur de leurs demandes, afin d'honorer leurs différents engagements. Il y a eu certes, un rallongement des délais de traitement des ordres des clients sur une période, mais le retour à la normale s'est fait plus rapidement que prévu. Ceci a mis en exergue la force d'un groupe international dans une situation de tension, mais également la forte synergie entre les filiales de la région.

A quel degré estimez-vous l'effort consenti chaque année par Société Générale au financement des Etats que vous couvrez dans le cadre de vos achats de titres publics ?

“...A fin juin 2023, l'ensemble des filiales Société Générale de l'Afrique subsaharienne détenait un portefeuille titres, de plus de 1 683 milliards FCFA (EUR 2,6 milliards).”

Il convient de noter que le groupe Société Générale, à travers ses filiales, participe énormément au financement des Etats dans notre zone de présence. En plus des financements bilatéraux que nous accordons, nous achetons également des titres publics soit pour notre propre bilan soit pour le compte de nos clients ou encore dans l'optique de les revendre, dans un horizon très court à travers notre salle des marchés.  A titre d'exemple, à fin juin 2023, l'ensemble des filiales Société Générale de l'Afrique subsaharienne détenait un portefeuille titres, de plus de 1 683 milliards FCFA (EUR 2,6 milliards).

Les marchés financiers en Afrique subsaharienne sont réputés pour leur manque de profondeur. Pouvez-vous expliquer comment les salles des marchés de Société Générale contribuent à combler cette lacune dans la région ?

“...la salle des marchés participe aujourd'hui au dynamisme du marché des titres publics de l'UEMOA, avec une part de marché d'environ 23% sur une année et un taux de rotation du portefeuille au-delà de 50%.”

Effectivement, nos marchés financiers en Afrique subsaharienne sont moins liquides que ceux des pays développés. Nous nous appuyons sur notre fort réseau à l'international, nous essayons d'être novateur et précurseur dans les offres de produits sur les marchés capitaux en Afrique. Nous mettons en contact nos clients internationaux qui sont à la recherche de meilleurs rendements, et les Etats qui ont continuellement besoin d'être accompagnés dans leur développement. Comme évoqué plus haut, la salle des marchés participe aujourd'hui au dynamisme du marché des titres publics de l'UEMOA, avec une part de marché d'environ 23% sur une année et un taux de rotation du portefeuille au-delà de 50%.

Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés dans le cadre de l'exercice de cette activité ?

“...le groupe a mis en place un centre d'expertise et de services à Dakar pour l'Afrique de l'Ouest, et Madagascar pour l'Afrique centrale, afin de mutualiser notre expertise et centraliser le traitement des opérations bancaires au sein d'une seule et même structure.”

Nous sommes confrontés à deux défis :

- l'environnement en perpétuelle mutation : notre capacité à s'adapter et trouver des solutions avec des situations qui ont un impact immédiat comme les crises successives : COVID- disruption des chaînes d'approvisionnement, la guerre en Ukraine suivie de sanctions à l'international et d'inflation, puis les crises de liquidité mais également les changements réglementaires à l'international comme au local. Ce sont autant de paramètres que nos équipes analysent de manière quotidienne, pour anticiper les conséquences sur notre activité.

- le maintien d'une qualité de service de haut niveau : nous faisons de la satisfaction client une priorité. Nos équipes Front & Middle ont été renforcées pour répondre à cette exigence et nous mettons à l'épreuve nos process, afin d'optimiser notre chaîne de traitement. De plus, le groupe a mis en place un centre d'expertise et de services à Dakar pour l'Afrique de l'Ouest, et Madagascar pour l'Afrique centrale, afin de mutualiser notre expertise et centraliser le traitement des opérations bancaires au sein d'une seule et même structure.

Retrouver la suite de l'interview dans la version numérique de la 13ème édition du Magazine Sika Finance à télécharger gratuitement via le lien ou en cliquant sur la une ci-dessous.

La Rédaction

Publié le 14/12/23 17:08

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