Sénégal : Bank of America juge ''de plus en plus probable'' une restructuration de la dette extérieure d’ici fin 2026

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La situation financière du Sénégal s'assombrit, selon une note de Bank of America Global Research, citée par Reuters. Dans une analyse publiée ce jeudi, la banque estime qu'une restructuration de la dette extérieure du pays " devient de plus en plus probable " à l'horizon du second semestre 2026. Un avertissement lourd de sens pour une économie qui peine à absorber l'héritage d'un endettement plus massif que prévu et qui doit mener de longues discussions avec le FMI pour stabiliser ses finances. 

Au cœur de cette affaire, la " dette cachée ", révélée au second semestre 2024, est devenue un véritable boulet pour le Sénégal. Estimée à 132 % du PIB par le FMI, un niveau difficilement soutenable, le pays, par l'intermédiaire de son Premier ministre Ousmane Sonko, s'était refusé à toute perspective de restructuration, allant jusqu'à évoquer des raisons de " dignité " nationale. Un choix qui rallonge les négociations avec le FMI sur la mise en place d'un nouveau programme de soutien économique, selon les spécialistes. 

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La position officielle contraste toutefois avec le diagnostic de Bank of America : selon la banque, il serait irréaliste d'estimer que le Sénégal pourra couvrir seul ses besoins de financement en 2026. Pour cette année-là, les émissions nécessaires seraient 40 % supérieures à celles de 2025, un niveau jugé " non crédible ". 

Dans ces conditions, Bank of America estime qu'un moratoire sur la dette extérieure, suivi de négociations formelles avec les créanciers, apparaît désormais comme " le scénario le plus probable d'ici la fin 2026 ". 

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Alors que l'appui du FMI se fait attendre, le Sénégal avait présenté un plan de redressement économique qui s'appuyait sur la maîtrise des dépenses publiques et des hausses d'impôts et un recours actif au marché régional de la zone UEMOA pour alimenter ses finances publiques et faire face à ses engagements financiers. Une approche qui ne pourra prospérer longtemps, selon le groupe américain.

Bank of America estime en effet que la solidité du marché régional de la dette pourrait permettre au pays de tenir sans prêt du FMI pendant un temps limité, mais que cette situation deviendrait intenable au second semestre 2026.

‘'Mobiliser 6 000 milliards FCFA par an, c'est possible''

Cette analyse intervient alors qu'en fin de semaine dernière, le ministre sénégalais des Finances Cheikh Diba, intervenant à l'Assemblée nationale, faisant part de la capacité du pays à mobiliser les fonds nécessaires pour son budget, en dépit des réserves du FMI.

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‘'Nous avons besoin d'un montant très important, de l'ordre de 6 000 milliards FCFA par an en moyenne. Le FMI considère que nous ne pouvons pas garantir cette capacité sur l'horizon de soutenabilité de la dette. Nous, cependant, pensons que c'est possible'', avait-il assuré.

Toutefois, le membre du gouvernement avait affirmé préparer une revue complète des dettes jugées problématiques afin d'en renégocier les conditions. ‘'Lorsque nous remplaçons cette dette par des termes plus favorables et des maturités plus longues, nous créons de l'espace budgétaire'', expliquait-il. Une cible de plus de 500 milliards FCFA de marge budgétaire dès 2025 été alors évoqué grâce à une gestion active du portefeuille de dette.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 04/12/25 14:25

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