La transformation est le maillon faible du secteur agricole sénégalais. Par défaut de développement de cette chaîne, près de 30% de pertes post-récoltes sont constatées, selon une étude réalisée en 2020 par Initiative prospective agricole rurale (IPAR).
Cependant, les initiatives personnelles se développent depuis quelques années. Elles concernent notamment la transformation des produits agricoles principalement les fruits en jus locaux. De l'oseille, de la mangue, le corossol, l'orange, la goyave, la fraise etc. Presque tout est disponible sur un marché en expansion.
De la passion du mélange des fruits, Fatou Dramé est passée à une actrice majeure de ce filon. Et tout est parti de la cour familiale. " Je préparais des jus à base de fruits achetés auprès du vendeur du coin. Au fur et à mesure, mon entourage appréciait. C'est ce qui m'a poussée à produire en quantité ", explique-t-elle.
Dotée du savoir-faire, son premier réflexe a été de créer une entreprise avec toutes les formalités nécessaires. " J'ai ensuite suivi une formation en hygiène alimentaire. Je voulais systématiquement faire de ma passion une activité rentable ", dit-elle assise dans sa boutique, entourée de bouteilles de jus aux divers parfums.
Après deux années de production et de commercialisation, elle vaut un chiffre d'affaires mensuel de 400 000 FCFA, alors qu'elle a débuté à 35 000 FCFA. " Je produis des jus de mangue, de corossol, d'oseille, du pain de singe. La matière première est acquise auprès des producteurs locaux ", ajoute Fatou.
Du bénéfice et des emplois
C'est un garage que Moustapha Sylla a transformé en lieu de fabrication et de vente de jus locaux. D'une matinée du vendredi assez calme, l'acteur économique de 40 ans est à l'œuvre. Calculatrice sous les yeux, il supervise le travail d'une équipe constituée de trois filles. Munies de gants, elles emballent des bouteilles de jus.
L'équipe selon son directeur s'apprête à livrer 250 bouteilles dans la région de Dakar. Dans le secteur depuis trois ans, l'entrepreneur retrace son parcours. " Diplômé sans emploi, je me suis lancé dans ce filon avec la collaboration de deux agricoles. C'est une activité rentable. Nous vendons la bouteille à 1800 FCFA. Soit une marge bénéficiaire variant entre 200 et 400 FCFA selon les variétés ", dit Moustapha.
A côté des revenus, il décrit un potentiel important en création d'emplois. Actuellement, il emploie trois personnes, sans compter selon lui, la collaboration avec les livreurs qui sont au nombre de cinq. " Ça marche bien actuellement. Les Sénégalais ont adopté les jus locaux ", ajoute M. Sylla.
A l'intérieur de son commerce à la Sicap, Abdourahmane Dia remplit les étagères. Il dispose les bouteilles aux différents parfums. Il en a fait sa propre identité à travers un logo jaune et un nom " DIA JUICE ". A la veille de l'Aid El fitr, ses ventes sont estimées à 800 bouteilles entre lundi et jeudi. " Économiquement on s'en sort. Et c'est cette activité qui m'a permis de me lancer dans la livraison avec l'achat d'une moto ", explique-t-il.
Entre 65% et 75% de ventes dans les supermarchés
A côté des réseaux sociaux, les supermarchés et boutiques low price sont les plateformes de vente pour les acteurs du marché des jus locaux. Maïmouna Faye gère la boutique d'une station-service.
Selon elle, les jus locaux bousculent les boissons gazeuses notamment pendant les fêtes. " S'agissant des boissons, les jus locaux représentent actuellement 70% de nos ventes. Une montée en puissance est notée depuis deux à trois ans ", analyse la gérante.
Mamadou Fall lui également gérant dans un supermarché à Dakar situerait la vente des jus locaux entre 65 et 70% des ventes. " D'ailleurs nous avons signé des partenariats avec des entrepreneurs. Et nous recevons en moyenne 500 bouteilles par semaine. Soit près de 2000 bouteilles par mois. Le constat établi est que les produits sont de qualité ", considère M. Fall.
Pour lui, les seuls manquements notés parfois sont les défauts d'emballage. Ce qui nécessite selon lui l'accompagnement technique des entrepreneurs afin que leurs produits soient bien " emballés et attrayants ".
Mouhamadou Dieng
La Rédaction
Publié le 24/04/23 16:00
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