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Après près d'une décennie d'attente, le projet minier de Nayega, dans la région septentrionale du Togo, s'apprête à franchir une étape décisive. La mine de manganèse va officiellement entrer en exploitation d'ici à la fin juin 2025, a annoncé ce jeudi la firme britannique Keras Resources, aujourd'hui partenaire technique du projet.
Dans une note d'information publiée le 6 juin, Keras a confirmé que les infrastructures d'exploitation sont désormais finalisées. La production débutera dans les prochaines semaines avec un objectif initial de 4 000 tonnes de minerai commercialisable par mois, avant d'atteindre progressivement un rythme nominal de 8 000 tonnes mensuelles à partir du quatrième mois d'activité.
Un actif repris par l'État
Ce projet s'inscrit dans un modèle de partenariat public-privé atypique. En mai 2023, l'État togolais a repris le contrôle total de l'actif en rachetant les droits de la mine à Keras Resources pour 1,7 million de dollars, via la création de la Société Togolaise de Manganèse (STM). Keras conserve un rôle d'assistance technique et de conseil en commercialisation pour une durée de trois ans, sans participation directe dans la production.
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Ce montage offre au Togo une souveraineté accrue sur l'exploitation du minerais élevé au statut de ‘'ressource stratégique'' , tout en s'appuyant sur le savoir-faire opérationnel d'un acteur international. Une stratégie pragmatique qui vise à valoriser le sous-sol national tout en maximisant les retombées économiques locales.
Jusqu'à présent, le Togo s'illustrait essentiellement par sa production de phosphate. L'entrée en phase opérationnelle de Nayega marque l'arrivée du pays dans le cercle des producteurs de manganèse, un minerai stratégique en pleine redéfinition sur les marchés mondiaux.
Les études menées sur le site estiment les réserves à 8,5 millions de tonnes, avec une durée de vie de la mine évaluée à onze ans. En termes budgétaires, ce développement intervient dans un secteur déjà majeur pour le pays : selon des données locales, l'industrie extractive contribue à plus de 40 % au budget national.
Le manganèse, métal critique en mutation
Métal de transition par excellence, le manganèse est le quatrième le plus utilisé dans le monde, derrière le fer, l'aluminium et le cuivre. Historiquement destiné au renforcement des aciers, il suscite aujourd'hui un nouvel intérêt industriel en tant que composant de plus en plus intégré dans les batteries lithium-ion, notamment celles utilisées dans les véhicules électriques et les appareils électroniques.
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Avec Nayega, le Togo pourrait donc s'inscrire dans une filière en mutation, à l'intersection de la métallurgie classique et des technologies propres. Dans un contexte où la demande mondiale pour les métaux critiques ne cesse de croître, cette première pierre posée dans le secteur du manganèse pourrait ouvrir la voie à d'autres initiatives minières et à une montée en gamme du pays dans les chaînes de valeur extractives.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 10/06/25 09:11
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