CEMAC : Face à une dette devenue inquiétante, le Congo renonce à emprunter sur le marché régional

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Brazzaville sera muet sur le marché domestique des capitaux en 2024. “Au titre de la présente loi de finances pour l'année 2024, aucune émission de bons et obligations n'est permise sur le marché régional”, peut-on lire dans le texte de loi récemment approuvé par le parlement congolais et promulgué par le président Denis Sassou Nguesso (photo).

Cette décision est prise alors que le Congo anticipe un déficit de trésorerie de 1 174 milliards FCFA au cours de l'exercice courant contre 563 milliards en 2023. Le gap s'est creusé en raison de l'augmentation des charges financières sur la dette. Concrètement les échéances sur le service de la dette seront plus corsées en 2024 avec notamment 406 milliards FCFA d'emprunts extérieurs à rembourser, 500 milliards FCFA de dette bancaire intérieure, 100 milliards FCFA de dettes commerciales, 100 milliards de dettes sociales… Pour un pays qui a la réputation d'être particulièrement demandeur sur le marché domestique, la décision de ne pas y aller cette année relève presque de l'inédit sur ces dernières années.

Une endettement attendu à 99% du PIB

Le pays ne donne pas de raisons de cette mise en retrait. Elle pourrait, cependant, se justifier par une volonté des pouvoirs publics de maîtriser le rythme d'endettement du pays qui atteint des proportions inquiétantes ces dernières années. Le taux d'endettement du Congo est passé de 108% en 2021 à 93,7% en 2022 et devrait remonter à 99% à fin 2023 selon les pondérations des autorités, soit au-dessus du seuil de 70% établi par les normes de la CEMAC. Le pays dispose d'un stock important d'arriérés intérieurs et extérieurs, s'élevant respectivement à 16,7 % et 3,6 % du PIB selon Fitch. Le Congo s'est engagé dans le cadre d'un accord avec le FMI, à apurer ces passifs et à mieux maîtriser la dynamique de sa dette.

Voir aussi : CEMAC : Le Congo réussit à titriser 67 milliards FCFA de dettes sur le marché domestique

Cependant, en ne contractant pas de nouveaux emprunts intérieurs, le pays se prive de ressources qui lui auraient permis d'honorer ses échéances cette année. Brazzaville compte donc affecter l'intégralité de son excédent budgétaire (différence positive entre les recettes et les dépenses budgétaires) qui est projeté à 536 milliards FCFA, pour combler une partie de son déficit de trésorerie. Pour le reste (638 milliards FCFA) la loi de finances prescrit au gouvernement de négocier des “aménagements(annulation, rééchelonnement, reprofilage…)” avec les créanciers mais aussi “des appuis budgétaires et tous dons, legs et fonds de concours”.

Cette décision devrait rendre moins dynamique le marché des titres publics de la BEAC sur lequel le Congo est pourtant l'émetteur de référence avec 32,5% des dettes en circulation, soit avec près de 2000 milliards d'encours global à fin juillet. Le pays devance ainsi le Gabon (23,7%) et le Cameroun (21%). Toutefois, le Congo s'endette à des taux nettement plus élevés que ses voisins. Le coût moyen pondéré des OTA (Obligations du Trésor Assimilables) du pays est de 9,20% à fin juillet, soit au-dessus de la moyenne régionale de 7,55%.

Cédrick JIONGO

La Rédaction

Publié le 15/01/24 12:34

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