Au quatrième trimestre 2024, les envois de fonds des Congolais de l'étranger ont atteint 20,3 milliards de francs CFA, selon les données publiées par le ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille public, à travers son organe de régulation des transferts de fonds (ARTF). Ce niveau, jugé particulièrement élevé, confirme la place croissante des remises migratoires dans l'économie nationale.
Par définition, rappelle le rapport, " les envois de fonds de la diaspora, ou “remises migratoires”, sont des transferts d'argent envoyés par les migrants à leurs familles et proches dans leur pays d'origine, jouant un rôle économique crucial ". Ces flux constituent désormais " la principale source de financement externe pour de nombreux pays, dépassant l'aide étrangère et les investissements directs étrangers. En République du Congo, ils représentent un soutien essentiel pour l'économie locale, en couvrant des dépenses de première nécessité et en stimulant la consommation des ménages. "
L'analyse effectuée par l'ARTF sur la période d'octobre à décembre 2024 met en évidence la forte dépendance du pays vis-à-vis de sa diaspora. Les fonds proviennent à 75 % des pays européens, 15 % des pays africains, 5 % des pays asiatiques, 3 % des pays américains et 2 % des pays et îles de l'Océanie. Dans le détail, la France demeure de loin la première source d'origine de ces transferts avec 65 % du total, suivie de la Belgique (29 %), de la Chine (1,5 %), de l'Allemagne (1,08 %) et du Royaume-Uni (0,69 %).
Les autorités soulignent que les canaux utilisés pour ces transferts demeurent en grande partie formels. " Les plateformes de transferts d'argent tels que Western Union, MoneyGram, etc. " constituent la principale voie de circulation de ces flux financiers. Cependant, le rapport note également la persistance de circuits parallèles : " certaines transactions sont effectuées à travers des canaux informels tels que celui du système hawala ", un dispositif de compensation informelle répandu dans les échanges transfrontaliers.
Au-delà de leur ampleur, les remises migratoires se distinguent par leur impact à plusieurs niveaux. Sur le plan macroéconomique, le document précise qu'elles peuvent " être une source majeure de devises étrangères, améliorer la notation de solvabilité d'un pays pour les emprunts à l'étranger et faciliter de la sorte son accès aux marchés mondiaux de capitaux ". Le texte ajoute qu'elles peuvent également " promouvoir le développement du secteur financier si les conditions requises sont réunies et ainsi contribuer à la croissance économique ".
Sur le plan microéconomique, les effets sont tout aussi tangibles. Les envois de fonds, indique le ministère, " peuvent être une source de financement stable et contracyclique pour les ménages bénéficiaires en période de crise ". Ils participent aussi à la réduction de la pauvreté " car ils améliorent le niveau de vie et le bien-être des familles ", tout en favorisant " l'initiation d'activités économiques et d'investissements à travers la demande des biens et services dans les pays d'origine ".
Le profil des transferts observés sur la période confirme cette dimension sociale. Les autorités notent que " ces remises migratoires sont majoritairement transférées aux ménages bénéficiaires pour des raisons d'aides familiales qui représentent 67 % de l'ensemble des envois de fonds, suivi des envois liés aux projets d'investissements (25 %), aux frais scolaires et universitaires (5 %) et aux frais de santé (3 %) ".
Pour le ministère des Finances, le suivi régulier des mouvements de fonds à travers l'ARTF reste un instrument clé de compréhension des dynamiques économiques internes et externes. Les données collectées " donnent un aperçu de l'implication de la diaspora dans l'économie congolaise au cours du quatrième trimestre 2024 ", tout en offrant une base statistique pour évaluer la contribution réelle de ces flux au financement du développement.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 12/11/25 16:55


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