Le Nigeria veut croire à un décollage économique plus vigoureux. Selon les projections dévoilées par le ministère du Budget et de la Planification économique, le pays vise une croissance proche de 8% d'ici 2028, un rythme inédit depuis plus d'une décennie. Cette trajectoire repose sur un pari assumé, celui de placer le secteur non pétrolier au cœur du modèle de développement d'une économie historiquement dépendante des hydrocarbures.
Les autorités nigérianes soulignent les premiers effets des réformes engagées depuis l'arrivée au pouvoir du président Bola Tinubu en 2023. La politique monétaire plus stricte menée par le gouverneur de la banque centrale, Olayemi Cardoso, a contribué au reflux progressif de l'inflation et à la stabilisation du naira. Cette combinaison a permis d'améliorer la perception du pays auprès des agences de notation et de renforcer la crédibilité du cap économique fixé par Abuja.
Les prévisions gouvernementales tablent sur une progression graduelle du PIB, passant de 4,6% en 2025 à 4,7% l'année suivante, avant d'accélérer à 6% en 2027 puis 7,9% en 2028. Le secteur non pétrolier devrait devenir la colonne vertébrale de cette expansion et représenter près de 98% de la production économique d'ici la fin de la période. Le pétrole conserverait un rôle stratégique mais avec une production projetée en hausse modérée, atteignant un peu plus de 2 millions de barils par jour en 2027.
Cependant, cette ambition se heurte à une réalité structurelle plus complexe. Plusieurs économistes jugent le scénario gouvernemental trop optimiste. Pour certains, la capacité du Nigeria à accélérer durablement sa croissance existe mais une expansion proche de 8% paraît difficilement atteignable dans le contexte actuel. Même avec une demande intérieure attendue plus robuste grâce au ralentissement de l'inflation et à la fermeté retrouvée de la devise, le pays reste exposé à la faiblesse des prix internationaux du pétrole.
Les défis internes demeurent considérables. L'approvisionnement erratique en électricité, la vétusté des infrastructures et l'insécurité persistante dans certaines régions continuent d'impacter la productivité agricole et d'entraver l'industrialisation. Au troisième trimestre, la croissance a d'ailleurs plafonné à 4%, confirmant les limites du modèle en place.
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Le dynamisme du secteur des services illustre cette croissance à deux vitesses. Télécommunications et immobilier tirent mécaniquement l'activité, alors que le secteur manufacturier reste à la traîne. Sa croissance inférieure à 2% sur les trois dernières années traduit des obstacles persistants, notamment des coûts de production élevés, une logistique insuffisante et un accès au crédit difficile.
La Rédaction
Publié le 04/12/25 19:09


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