Le Tchad veut emprunter moins et mieux pour préserver la soutenabilité de sa dette

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Le Tchad s'engage sur une nouvelle trajectoire de discipline budgétaire. Dans un communiqué publié le 10 octobre 2025, le Fonds monétaire international (FMI) a salué la stratégie économique du pays, centrée sur une gestion prudente de la dette publique. Ce virage intervient au lendemain de l'accord conclu entre N'Djamena et l'institution de Bretton Woods sur un nouveau programme économique de quatre ans, adossé à une Facilité élargie de crédit (FEC) d'un montant de 630 millions de dollars US, soit environ 385 milliards de FCFA.

Selon le communiqué, les autorités tchadiennes " maintiennent leur engagement envers une politique de gestion de la dette prudente " et entendent améliorer l'évaluation du risque de surendettement à travers une analyse de viabilité de la dette (AVD) plus rigoureuse. Cette orientation vise à maintenir la dette à un niveau soutenable, dans un contexte de marges de manœuvre budgétaires limitées et de saturation du marché financier régional.

Les progrès sont déjà visibles. La dette publique totale du Tchad est passée de 49,8 % du PIB en 2017 à 33 % en 2025, selon les chiffres publiés dans le même document. C'est le niveau le plus bas enregistré dans la région, précise le FMI. Le ratio devrait continuer de baisser pour atteindre 31,3 % du PIB à l'horizon 2030, grâce à la poursuite du processus de restructuration de la dette engagé ces dernières années.

Cette tendance descendante reflète les effets des réformes budgétaires et de la maîtrise de l'endettement extérieur, amorcées dès 2021 dans le cadre du précédent programme appuyé par le FMI. Le pays avait alors réussi à stabiliser sa situation financière après plusieurs années de pression sur la trésorerie publique.

Le FMI précise que les autorités tchadiennes donneront la priorité aux prêts concessionnels et aux aides financières extérieures, tout en s'efforçant de ne pas accumuler d'arriérés et de poursuivre les négociations avec leurs créanciers. Pour renforcer la gouvernance de la dette, le suivi et l'analyse relèveront désormais de la Direction générale du Trésor.

Autre mesure phare, la fixation d'un plafond annuel d'emprunt à 15 milliards de FCFA, destinée à éviter tout emballement de la dette, dans un environnement marqué par le coût élevé du service de la dette et la saturation du marché financier régional. L'objectif, selon le FMI, est de renforcer la résilience du pays face aux chocs extérieurs, notamment ceux liés à la volatilité des prix du pétrole et à la conjoncture internationale.

Cette nouvelle stratégie s'inscrit dans la continuité du rééchelonnement historique de la dette extérieure obtenu précédemment. Le Tchad avait alors conclu un accord inédit avec ses créanciers publics et privés, dont Glencore, dans le cadre du Cadre commun du G20 et du Club de Paris. Ce mécanisme, coprésidé par la France et l'Arabie saoudite, avait permis au pays de devenir le premier bénéficiaire mondial de cette initiative.

L'accord, qui portait sur près de 3 milliards de dollars de dette extérieure, visait à ramener le ratio service de la dette/recettes publiques de 20% à moins de 14 %, puis à 12,4 % d'ici à 2025. Sans annuler la dette, il a permis son rééchelonnement et ouvert la voie à la reprise des décaissements du FMI, interrompus lorsque l'endettement du pays avait été jugé " insoutenable " en décembre 2021.

Grâce à ce dénouement, le Tchad a retrouvé son éligibilité aux financements internationaux. Dès 2022, le pays avait bénéficié d'un premier décaissement de 145 millions de dollars au titre de la FEC. Cette enveloppe a ensuite facilité le déblocage d'aides supplémentaires de la part des bailleurs bilatéraux et multilatéraux, dont la Banque mondiale.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 24/10/25 14:17

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