Tchad : Le mauvais élève du mobile money en zone CEMAC

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La zone CEMAC connaît depuis cinq ans une véritable explosion du mobile money, devenue l'un des principaux leviers de transformation financière en Afrique centrale. Selon les données de la BEAC, le nombre de transactions par monnaie électronique est passé de 794 millions en 2019 à 3,517 milliards en 2023, soit une progression spectaculaire de 341,3%. Cette dynamique s'accompagne principalement d'une hausse de la valeur cumulée des transactions, qui a atteint 28 911 milliards de FCFA (environ 48,2 milliards USD) en 2023, contre 11 335 milliards de FCFA (18,9 milliards USD) cinq ans plus tôt, soit une augmentation de 155%.

Dans cet élan régional, un pays reste à la traîne : le Tchad. Alors que le virement instantané par monnaie électronique représente 94,8% de l'ensemble des transactions en CEMAC, le Tchad n'en capte que 0,73%, se situant juste au-dessus de la Guinée équatoriale (0,11%). Ce décalage s'explique en partie par la faiblesse de l'adoption du mobile money dans le pays.

En effet, sur les 40 millions de comptes actifs dans la zone, seuls 2,1 millions sont détenus par des Tchadiens, ce qui correspond à un taux de financiarisation de 19,78%, l'un des plus bas de la région, juste devant la République centrafricaine. Ce retard structurel réduit non seulement la participation du pays au marché numérique régional, mais freine aussi son inclusion financière.

Conscient de cette contre-performance, le gouvernement tchadien tente désormais de réagir. Le Projet de Loi de Finances 2026 prévoit la suppression totale de la taxe sur les opérations de transfert d'argent, instaurée en 2022 à 0,2%, puis abaissée à 0,1% en 2024. À partir de 2026, ce prélèvement doit disparaître pour lever un frein majeur à l'adoption du mobile money.

Les autorités souhaitent ainsi encourager l'usage des services numériques, faciliter la traçabilité des paiements et basculer une partie des transactions en espèces vers des circuits plus modernes et plus sécurisés. Cette mesure est aussi un signal fort envoyé aux opérateurs, souvent réticents face à des prélèvements perçus comme pénalisants pour les utilisateurs. Cependant, le pays devra également relever d'autres défis structurels. Dans un contexte où le mobile money est devenu un outil incontournable de développement économique et d'inclusion financière en Afrique centrale, le Tchad joue quelque peu son avenir economique.

La Rédaction

Publié le 08/12/25 18:53

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